Rosemarie présente aujourd’hui un travail adouci. Quel souffle apaisé a traversé son pinceau depuis l’époque de toiles torturées par une poésie surréaliste parfois cruelle ?
Frida Kahlo repose en paix. Maintenant, Rosemarie simplifie le métal en une petite pièce mécanique présente en un point d’explosion inclus dans la toile. L’arrondi et le poli en a remplacé l’éclair agressif de la lame de métal aiguisée, ou l’image du fœtus recroquevillé. Autour de la pièce se développe le dessin d’une précision magnifique, à l’huile ou à la gouache, les dégradés somptueux et les clairs obscurs (on a toujours évoqué Fernand Léger) sont aussi la marque d’une maîtrise et d’une patience infinies.
Chaque toile présente une touche hypnotique et le regardeur est très vite égaré : la chair est-elle là ou le métal ?
Dans cette toile, voit-on des yeux ou des orifices de moteurs à combustion ? N’y a t il pas là un vautour ou un faucon qui déplie ses rémiges de métal ? Ici, ne dirait-on pas un cyclope ? Donc, vous ne regardez pas une peinture de Rosemarie, c’est la toile qui vous regarde. Rosemarie semble vouloir peupler l’espace de représentations inspirées des dieux sortis du Livre des Morts de l’Égypte ancienne, dont le vrai titre était "Livre pour sortir au jour". Le questionnement métaphysique reste présent, sous-jacent, dans l’œuvre de Rosemarie Krefeld. Et toujours sa signature symbolique en tête d’oiseau inspirée du retable de Grünewald.
En mars 2003, dans la plaquette (Editions stArt) de l’exposition Krefeld à « L’International Academy des Arts » de Vallauris, Michel Gaudet (membre éminent de l’Association Internationale des Critiques d’Art) exprimera bien la singularité du travail de Rosemarie, cette analyse s’appliquant plus que jamais à sa nouvelle manière :
" Absolument personnel, indépendant sans aucune référence à un groupe ou à une école, l’art de Rosemarie Krefeld impose sa maîtrise sans concession ni compromis. Il s’inscrit dans une optique de composition définie méditée aux fins d’expression souveraine que ne peut corrompre l’aléatoire. Ses couleurs sont harmoniques, le dessin en est décisif et précis. Tout concourt à la délivrance d’un message de haute poésie où le réalisme se confronte à l’imagination en un langage d’entendement progressif qu’il faut se donner le plaisir d’apprécier longuement et pleinement". (Michel Gaudet, mars 2003, Cagnes-sur-mer).