Après avoir consumé son énergie sur les plateaux, il revient au graphisme, à la création plastique.
Un support pour sa peinture s’est imposé, intimement lié à son histoire.
Enfant, son père lui donnait à planter des graines de cougourdon, un drôle de légume qui a toujours fait partie de son univers. Il se souvient qu’on le trempait dans le moût du raisin pour le rendre plus étanche et qu’il mettait bien un an pour sécher.
Ce cucurbitacé original, peu comestible, originaire de régions tropicales et subtropicales, (Afrique et Amérique latine) se prête à toutes sortes d’utilisations probablement depuis la préhistoire. Grâce à sa forme et à sa texture, il a toujours été transformé en ustensile de cuisine (cuillères, louches, gourdes, récipients divers, etc.)
Très vite semble-t-il, il est aussi utilisé dans la confection de toutes sortes d’instruments de musique : à cordes, à souffler et, particularité bien niçoise, à la fabrication de cet instrument très original, le pétadou dont le son est dû au frottement d’une canne à l’intérieur de la forme recouverte d’une peau, un instrument dont Richard a beaucoup joué.
Pour lui, le cougourdon est une excellente métaphore de l’homme : lourd quand il est jeune, dur à l’extérieur et creux à l’intérieur à l’âge adulte.
Particulièrement apprécié dans notre région, une fête lui est même consacrée, "Le Festin des Cougourdons" qui se tient à Cimiez depuis des lustres. À cette occasion, le cougourdon est exposé peint, sculpté, transformé, décoré, offrant de multiples usages : de la gourde de pèlerin aux masques, chapeaux, maracas, etc.
Il y a quelques années, l’achat d’une "nana" aux formes arrondies de Niki de Saint Phalle va faire naître chez Richard un désir de création.
Comme la forme originale du cougourdon renvoie aussi bien aux courbes généreuses qu’à des formes plus phalliques, l’artiste va explorer ce support particulier.
Depuis le 21 août, la galerie du Presbytère de Berre, un ensemble remarquable d’anciennes caves (qui servait de réserves alimentaires, de bois, voire d’écuries), accueille les créations de Cairaschi accompagnées d’une exposition de photographies de Frédéric Faverney.
Dans cet étonnant labyrinthe, le cougourdon se déploie en une variété inédite de figures, de formes et de couleurs : cougourdon couvert de dessins de cougourdons, cougourdon coupé en tranches, cougourdon globe terrestre couvert de la mappemonde d’une planète improbable dont l’artiste a dû inventer la géographie singulière, cougourdon couvert de peintures rupestres, et même des cougourdons en hommage aux artistes contemporains : Sosno, Ben, Gilli, César, Mondrian, etc.
Certaines pièces sont fixées sur des blocs de granit trouvés dans sa cave ou sur des socles plus modernes (Plexiglas), une riche variété d’approches dont une installation très réussie (une cheminée de cougourdons ?).
Tout autour, sur les murs, la série de photos de Frédéric Faverney rappelle les spectacles de Richard (avec ses partenaires Mauris, Martine Pujol, Aurélie Peglion, Benjamin Novarino, son fils Marino, etc.)
D’autres photos ont pour thème une Nice lumineuse et colorée.
Exposition jusqu’à fin septembre !