Sa présence à Cagnes attire peintres et collectionneurs qui viennent le rencontrer. Il y reçoit les visites de Monet, Picasso, Modigliani, Rodin, Maillol. Trouvant le village agréable, certains décident d’y résider, charmés par la diversité des paysages marins et par le vieux village médiéval aux ruelles escarpées ouvert sur la Méditerranée, les collines et les champs d’oliviers.
Sur cette colline, Renoir s’est construit là un environnement à la mesure de sa vision poétique du monde.
Comme Monet son ami, il a créé autour de lui les paysages qu’il avait envie de peindre.
Malgré ses doigts rendus difformes par les rhumatismes, il n’a cessé de travailler.
On attachait ses pinceaux à ses mains (devenues pinceaux). Son fils Jean, le célèbre cinéaste, nous apprend qu’il avait toujours le sourire lorsqu’il peignait. Les ambiances lumineuses et une certaine joie de vivre sont toujours présentes dans ses tableaux des Colettes. Il peint ses enfants, ses proches, des amis de passage et des paysages. Le jour de son décès, il aurait dit qu’il « commençait à comprendre quelque chose à la peinture »…
Gabrielle Renard, leur servante, est son modèle préféré : « Gabrielle à la rose » (photo ci-dessous) peint en 1911, exceptionnellement prêté par le musée d’Orsay, est d’une douceur particulière. Sur un fond chatoyant de vert et d’oranger, cette belle présence rose nue sous un châle semble écouter la rose qu’elle porte à son oreille.
Puis ce sera la rousse Andrée Heuschling qui « ravit ses yeux vieux sur sa jeune peau ». Il peint « Dédée au chapeau fleuri ».
Il peint également une nouvelle version de liseuse « La liseuse blanche », ainsi que de nombreux autres portraits dont celui de la poétesse Alice Vallières-Merzbach à la belle robe de soie blanche délicatement rendue.
À Paris, pour gagner sa vie, il peint des portraits qui vont l’ont rendu célèbre, à Cagnes, il n’a plus cette préoccupation. Il peint ce qu’il a envie : des petits paysages, des portraits de proches, des nus. « Peignez avec joie, avec la même joie que celle que vous mettez à aimer une femme », a-t-il dit à Modigliani venu lui rendre visite. « Caressez longtemps vos toiles. Moi, je pelote des fesses durant des jours et des jours avant de terminer une toile ».
Grâce aux prêts des musées d’Orsay à Paris, de Genève et de Besançon, de collections privées comme celle du Prince Albert de Monaco, un ensemble remarquable de portraits chatoyants est présenté, commémorant le centenaire du décès de l’artiste.
Des portraits peints par des amis, des sculptures, des photos, qui nous aident à pénétrer dans l’intimité du peintre complètent l’exposition.
Dans le jardin, des citations de Jean Renoir et des lutrins face aux paysages peints rendent agréable la déambulation, une promenade chez Renoir reposante, sereine.