A l’entrée, face à la scène d’hiver du peintre Adam Van Breen (1590 – La Hague – 1645), se dresse la toute dernière version en bronze des "Arbres Brûlés" de Philippe Pastor. Cette série de sculptures, initiée en 2003 à la suite des incendies dévastateurs du Massif des Maures, fait aujourd’hui triste écho à la récente tragédie californienne. Si les premières œuvres étaient directement taillées dans les troncs calcinés de la forêt meurtrie, l’artiste propose ici une version immuable, coulée dans le bronze. Ce noble alliage permet une reproduction admirable des détails et aspérités de la matière ayant subie les assauts du feu.
Le feu, à l’origine de dramatiques incendies de forêts, est provoqué quatre fois sur cinq par la main de l’Homme, dont l’artiste dénonce ici la responsabilité.
Cette démarche s’inscrit plus largement dans un contexte environnemental et social particulièrement critique, à l’ère de ce que certains appellent l’Anthropocène, du réchauffement climatique, du pillage des ressources naturelles, d’une pollution débordante et de la montée des eaux.
Ce sont d’ailleurs ces deux derniers thèmes que l’artiste évoque dans son emblématique série "Bleu Monochrome".
Cette série méditerranéenne est élaborée à partir de pigments naturels que l’artiste va chercher dans les villages isolés du Mont Atlas marocain. Mêlant parfois des éléments naturels, comme des feuilles ou des épines, la matière est travaillée par strates, au cours d’un long processus, rythmée par de multiples temps de séchage. Parcourues de subtiles craquelures, les reliefs accidentés qui apparaissent alors nous révèlent de nouvelles topographies abysséennes. La couleur bleue, associée à l’au-delà dans la culture égyptienne, possède une dimension quasi mystique. Elle nous évoque l’immensité de la voûte céleste, tout comme les étendues infinies des mers et océans auxquelles l’artiste rend ici hommage. Aujourd’hui souillés et malmenés par la pollution de l’Homme, les toiles de Philippe Pastor nous exhibent leurs blessures.