L’exposition présente ainsi sur près de 600 m2 une collection qui regroupe tous les thèmes chers à Dufy : régates, concours hippiques, décors, fêtes, fleurs, paysages… Elle montre tous les domaines qui ont participé à son acte de création : peinture, aquarelle, dessin, gravure sur bois et aussi croquis destinés aux tissus imprimés en collaboration avec le couturier avant-gardiste Paul Poiret et la maison Bianchini-Férier. De ses nombreux séjours sur la Côte d’Azur, nous conservons du maître du trait et de la couleur une image de la lumière et les couleurs de la Méditerranée.
Près de 300 oeuvres sont données à voir. À celles-ci s’ajoutent les céramiques généreusement prêtées par la Galerie Landrot, ainsi que des oeuvres des musées de Nice, Menton…
Rien ne manque des sujets et des matériaux chers à un artiste épris du plaisir de peindre et dessiner, de son bonheur de vivre.
Jean Cocteau aimait à qualifier son propre travail de création ou son système de représentation en terme de poésie : poésie de cinéma, poésie graphique, poésie de poésie… Appliquons l’expression à l’inspiration de Dufy qui pourrait alors s’évoquer comme poésie de virtuosité.
Une collection particulière, propos de l’exposition
"À travers une collection, tant de propos, pourtant non dits, sont tenus. Ce n’est pas un hasard si le musée Jean Cocteau collection Séverin Wunderman est lui-même construit autour d’une collection. Car nous parlons bien de construction ici, dans les divers sens du terme. Cet édifice, créé pour y abriter l’oeuvre de Jean Cocteau qu’un passionné a su réunir tout au long d’une vie, est la cristallisation d’un concept, par lequel ce regroupement d’oeuvres devient particulièrement porteur de sens.
La démarche du collectionneur est donc inscrite dans les gènes de ce musée et il nous appartient d’explorer cet univers en parallèle avec celui de Jean Cocteau. La première moitié du XXe siècle nous offre un paysage culturel si foisonnant, généreux en propositions artistiques, qu’il semblerait aisé de choisir parmi cet extraordinaire éventail de propositions et d’innovations créatives. Pourtant, les liens sont ténus entre les acteurs de cette scène artistique faite de confrontations, d’amitiés et inimitiés, d’une dialectique pourvoyeuse de richesses en abondance.
Quelle était la motivation ou le fil conducteur de la collection d’oeuvres de Raoul Dufy présentée au musée Jean Cocteau collection Séverin Wunderman ? En prenant des chemins de traverse, comment s’inspirer de l’âme de l’artiste et respecter son parcours de création tout en aménageant une collaboration posthume ? Voilà le coeur de l’exercice qui consiste à cet égard pour le collectionneur à rester en mi-ombre tout en prenant un plaisir jubilatoire à regrouper les travaux de l’artiste fétiche. L’acte de bonheur du collectionneur tend pourtant à se dévoiler, le plaisir du partage devient peu à peu nécessaire et adopte la forme élargie d’une ouverture au public.
Raoul Dufy comme Jean Cocteau ont été engagés par nos collectionneurs dans cette construction bilatérale. Au-delà de la collection, en dépit de toutes leurs différences, les deux artistes ont participé d’un même engagement dans une création qui ne désire pas tenir compte des limites de l’art, de l’écriture et de l’artisanat, qui, pour autant, fait appel à des intrusions régulières dans les domaines de la céramique, de la tapisserie, de la lithographie, du décor et de la collaboration éditoriale.
Il appartient ainsi au musée Jean Cocteau d’ouvrir les portes de l’édifice conçu par Rudy Ricciotti à ces artistes pluridisciplinaires, non pour se conformer à une actualité culturelle qui susciterait ce mouvement, mais par la stricte observation de la ligne de conduite de l’artiste du lieu. L’éclairage sera ainsi posé d’emblée dans tous les domaines qui ont participé à l’acte de création de Raoul Dufy : peinture, aquarelle, dessin, gravure sur bois, céramique, projets de textiles, tentures, collaboration avec les créateurs de mode, ainsi que les travaux préparatoires qui ont précédé leur création. Ainsi, la rencontre entre l’espace et la collection se crée harmonieusement et propose une nouvelle lecture aux couleurs d’un parcours ouvert résolument sur la Méditerranée et sa lumière".
Françoise Leonelli
Conservatrice du musée Jean Cocteau collection Séverin Wunderman
Texte extrait du catalogue officiel de l’exposition
L’exposition, le parcours
Ce ne sera pas la première fois que Raoul Dufy se pose sur le rivage de Menton et endosse ses couleurs. En 1951, sous la présidence d’honneur d’Henri Matisse, la « Première Biennale de peinture de France » à Menton lui est déjà consacrée et l’artiste participe, en outre, à la conception de l’affiche en collaboration avec Kostia Terechkovitch. La Biennale de 1953 est dédiée à Rouault, celle de 1955 à Matisse. Ainsi, le Palais de Carnolès, musée des Beaux-Arts de Menton, détenteur de la collection Wakefield-Mori, conserve un très beau portrait de Madame Mori par Raoul Dufy, mais également un portrait de Raoul Dufy par Kostia Terechkovitch.
L’exposition présente sur près de 600 m2 une collection qui regroupe tous les thèmes chers à Dufy : régates, concours hippiques, décors, fêtes, fleurs, paysages…