La série d’expositions sur le thème de la Promenade des Anglais ne pouvait occulter un des peintres qui l’a le plus représentée : Raoul Dufy. Autour d’œuvres issues du legs au Musée Chéret par sa femme en 1962 et d’une centaine de peintures à l’huile, de gouaches, d’aquarelles, de dessins, d’éditions provenant des plus grandes collections publiques et privées, cette exposition montre combien Nice et plus particulièrement la Promenade des Anglais ont joué un rôle sensible dans l’évolution du style de Dufy.
Né au Havre, il entre à seize ans à l’École municipale des Beaux-Arts de sa ville avant de rejoindre l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.
Ami de Braque avec lequel il travail sur les traces de Cézanne à l’Estaque, puis de Picasso, d’Othon Friez, de Marquet, Dufy se retrouve à la croisée de la géométrisation cubiste et de la simplicité matissienne.
Dessinateur très doué, les bois gravés qu’il réalise pour le Bestiaire d’Apollinaire vont impressionner le grand couturier Paul Poiret qui lui demandera de créer des motifs pour ses tissus de mode et de décoration (l’impression des tissus est alors réalisée à l’aide de bois gravés). Il travaillera aussi pour la maison de soieries lyonnaise Bianchini-Ferrier
(voir ses très beaux cartons).
Participant à la renommée d’un style Côte d’Azur à motifs de baigneuses, de palmiers, de poissons, de coquillages, etc., il crée des tissus, des papiers peints et réalise de superbes céramiques avec le catalan Llorens Artigas.
Mode et décoration vont beaucoup l’accaparer, mais la peinture restera toujours sa préoccupation première.
Suivant des yeux une petite fille qui court sur un quai, il perçoit que l’esprit enregistre plus vite la couleur que les contours. Cette découverte va lui ouvrir de nouvelles pistes de recherche qui vont aboutir à un découplement, un décalage du dessin et de la peinture.
Sur des toiles souvent divisées en trois larges bandes verticales, les touches vibrantes des vagues, les petits personnages et les quelques traits suggérant les architectures, sont rapidement esquissés sur des taches de tons vifs, créant une puissante dynamique visuelle. Liberté et spontanéité caractérisent alors son style d’une musicalité et d’une gaieté remarquables.
La silhouette du Casino de la Jetée aux bulbes orientalistes semble avoir séduit particulièrement l’artiste qui l’a maintes fois représentée. Une autre belle série, celles des persiennes ouvertes sur la mer, montre la virtuosité du style de Dufy et son sens singulier des couleurs.