Durant l’hiver 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Olivier Roller a accueilli chez lui, à Paris, de jeunes ukrainiens réfugiés. A partir de ces rencontres, nouées dans ce contexte tragique, le photographe a créé de saisissants portraits.
Prenant la forme de courtes vidéos, les images d’Olivier Roller sont frontales et dépouillées : les corps, les visages, cadrés de près, se livrent à l’objectif du photographe qui se focalise lentement sur le regard, fixe ou lointain, de ces jeunes femmes et hommes.
Ce face-à-face, sans filtre, nous ouvre les yeux sur des destins humains singuliers qui traversent les épreuves de la guerre.
Leur présence donne soudain corps à cette abstraction lointaine qu’est la guerre perçue à distance. Les témoignages, auxquels se mêle parfois la voix de l’artiste, racontent l’arrachement du pays natal, le périple angoissant, le quotidien précaire, rythmé par l’incertitude et la quête des moyens de survie, mais aussi les pensées accaparées par la nostalgie, l’inquiétude pour les proches. Loin de tout misérabilisme, le regard d’Olivier Roller souligne la dignité et la puissance des citoyens ukrainiens que la violence et la guerre ont transformés, du jour au lendemain, en réfugiés.
Face aux tourments de l’Histoire d’hier et d’aujourd’hui, les artistes nous placent également face à des questions : celles de nos responsabilités et du choix d’accueillir - ou non - la détresse, physique et morale, engendrée par la guerre. Par ce qu’il porte d’humanité, le projet d’Olivier Roller s’inscrit avec évidence au sein du musée national Marc Chagall. Tout au long de sa vie, Marc Chagall qui a connu les persécutions, les guerres et le chemin de l’exil, a lui-même raconté en images les violences du XXe siècle.