Dans le cadre des actions du projet Territoire de femmes, l’association DEHORS, porteuse du projet, présente le travail de la photographe et architecte Elodie Chrisment.
Finaliste en 2014 de la Bourse du talent Reportage 2014 et du Inge Morath Award, Elodie Chrisment produit des images d’une très grande force, réalistes, montrant la vie ou la mort sans artifice, enveloppées de leur exactitude, dans leur histoire.
Mais elle sait par une pudeur et un respect de l’autre, nous renvoyer toute la violence contenue de simples cabanes, architectures de la dérision qui n’auraient attiré l’oeil que des enfants.
Le travail remarquable d’Elodie Chrisment sur la prostitution sera présenté en deux parties, la première accessible à tous présentée sur le domaine public interrogera : l’énigmatique toile plastique verte nouée à une branche, le parapluie dans un arbre feront partie des 6 grands tirages et inciteront à la rencontre de la seconde, plus explicite, pudique, une série de 14 images montrées dans l’espace privé au 3 de la place Godeau, dans l’unique respect des individus et de leurs idées.
En Octobre 2014, la mairie de Tourcoing, lors d’une exposition collective, fit déplacer et décrocher le travail d’Elodie Chrisment, une censure, une incompréhension ?
Vence - Février 2015
Intention
Au départ une approche formelle née de ma passion pour les espaces interstitiels,
l’architecture informelle, celle que pratiquent chaque jour des milliers d’hommes et de femmes, bâtisseurs par nécessité.
Elle prend, sous le couvert des arbres du bois de Boulogne, la forme de cabanes improvisées, de toiles de tentes que l’on entrevoit depuis la route, de pans de tissus tendus entre deux arbres. Ici s’y mettent en oeuvre les principes premiers de l’architecture et de la construction, par ses femmes marginalisées au fond de ce bois périurbain, de ce lieu de promenade et de bols d’air salvateurs pour les gens normaux de la capitale si proche.
Cette série suit le fil chronologique de mon processus. Elle démarre sur une analyse architecturale des ces cabanes par leurs codes, leurs couleurs, leur hiérarchisation au sein des bois. Le rapprochement cadré sur des détails de ces architectures symbolise non seulement l’affect qu’éprouvent ces femmes envers leur métier, leurs clients mais suggère aussi le rituel quotidien nécessaire lors de l’installation de ce
décorum afin de s’imprégner de leur rôle. Se considérant elles mêmes comme des actrices, elles qualifient leurs prestations de "Diner-Spectacle". Avec le temps, ces
femmes prennent confiance, s’intègrent d’elle même dans leurs espaces, leur
présence n’est plus suggérée, elles deviennent actrices de cette série.
La série "Lieux de plaisir" a été finaliste du prix Inge Morath/Magnum 2014, la Bourse du Talent 2014, et sélectionnée à la Magnum Emergency Foundation 2014.
Cette série a été censurée lors de son exposition à l’Hospice d’Havré de Tourcoing en 2014.
Elodie Chrisment
L’association De-Hors
De-hors structure de dynamique culturelle à Vence, développe depuis huit ans, une
approche sociale et artistique au coeur de la vie vençoise.
Dans un environnement composé d’une diversité humaine et culturelle
exceptionnelle, De-hors s’est engagée à créer des outils favorisant du lien, de l’échange et du partage. En rapprochant des sensibilités et en faisant du quotidien,
une idée de découverte potentielle, Dehors a su réunir près de 23 000 personnes,
dont environ 18 000 visiteurs en 2012, dans le cadre de Mémoire de profils, oeuvre sociale ayant fédéré plus de 500 vençois autour d’un projet commun.
Convaincue de cette dernière expérience, l’association De-hors s’évertue aujourd’hui
à poursuivre cette dynamique sociale. En composant un événement rapprochant les
champs de la littérature et de la recherche, du cinéma et de l’intimité partagée, de
l’éducation et de l’échange, comme celui de l’art et de la pensée, De-hors intervient au coeur de la problématique de l’être au milieu des autres.
En juillet 2014, De-hors présentera pour la sixième année, une exposition sur la place
Godeau, au centre de la cité médiévale. En invitant six artistes, femmes et hommes, à penser le droit des femmes dans la société contemporaine, Territoire de femmes, s’illustre comme un vecteur de transmission de pensées, d’expériences et d’images. Et c’est dans cet espace que chacun vit, que tout le monde partage ; ce milieu-là où il est inévitable de se croiser ou de se voir. C’est ce territoire autonome appartenant à la diversité, que chacun est en devoir de s’approprier.
De-hors s’en empare et le révèle comme un espace collectif, comme un tableau social en composition continue.