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Fin de cet événement Septembre 2018 - Date du 15 juin 2018 au 16 septembre 2018

Un été sur les traces de Picasso à Mougins

En 2018, quarante-cinq ans après le décès de Picasso, la Ville de Mougins rend hommage à celui qui a laissé une empreinte indélébile dans notre paysage et contribue aujourd’hui encore à la renommée internationale de Mougins.

« Pablo Picasso dans son atelier, Notre-Dame de Vie, Mougins 1969 » © Atelier Lucien Clergue, Saif, 2018

Picasso et Mougins, une histoire d’amours

À partir de 1919, Picasso fait ses premiers séjours sur la Côte d’Azur où il trouve un second « chez-lui », loin de son Espagne natale et du tumulte parisien. Ces changements d’environnements successifs auront une profonde influence sur lui-même et sur son art en général.
L’histoire avec Mougins débute à l’été 1936, durant lequel il séjournera à l’hôtel Vaste Horizon au village. Le village hébergera ses premières amours avec Dora Maar et de joyeuses fêtes avec ses amis non moins célèbres Cocteau, Éluard ou encore Man Ray pour ne citer qu’eux.
Il reviendra à Mougins à plusieurs reprises pendant deux ans mais ce n’est que bien plus tard, en 1961, qu’il s’y installera définitivement en rachetant le mas Notre-Dame de Vie où il terminera ses jours le 8 avril 1973.

Les derniers pas de Picasso

Quarante-cinq ans plus tard, le 8 avril 2018, la Ville de Mougins a lancé des parcours « Picasso à Mougins » et invite ainsi le public à découvrir comment ce maître incontesté de la peinture du 20e siècle a contribué à façonner durablement l’identité et l’aura artistique de la commune. Une fois par semaine et sur réservation, photos et oeuvres à l’appui, le public pourra marcher dans les pas de Picasso à travers le village, le Musée de la Photographie André Villers qui conserve les témoignages photographiques de cette période, le quartier de Notre-Dame de Vie qui fut son dernier refuge ou encore le Musée d’Art Classique qui possède quelques oeuvres du Maître. Une visite vivante et exceptionnelle jusqu’aux derniers jours de la vie de Picasso…

« Picasso Méditerranée » à Mougins

Cet été, jusqu’au 16 septembre, dans le cadre du programme européen « Picasso Méditerranée », le Musée de la Photographie André Villers propose l’exposition unique et si personnelle « Diurnes », du nom du travail qu’ont réalisé en commun André Villers et Picasso en 1961. Ces trente planches prototypiques font partie de la collection du musée et seront mises en avant tout l’été. Durant un mois, le Musée projettera dans ses salles « Le Mystère Picasso », documentaire d’Henri-Georges Clouzot sorti en 1955, mettant en scène l’élaboration du dessin sous le trait de l’artiste.

©André Villers - Les yeux de Picasso, 1955
© ADAGP, Paris, 2018

Le Musée de la Photographie André Villers, le témoignage en images des années Picasso sur la Côte d’Azur

Créé en 1986 suite à la donation du célèbre photographe André-Villers, ce musée réunit une collection d’anciens appareils et accessoires photographiques ainsi qu’une diversité exceptionnelle de portraits de Picasso vu par les plus grands photographes de l’époque contemporaine : Robert Doisneau, David Douglas Duncan, Jacques-Henri Lartigue, Sanford Roth, Edward Quinn, Lucien Clergue, Denise Colomb, Raph Catti et André Villers, bien-sûr, qui a donné son nom au musée. André Villers, l’origine du lien qui unit Pablo Picasso, Mougins et la photographie

En 1944, Picasso rencontre la mère de ses enfants Claude et Paloma, Françoise Gilot. Elle sera représentée dans son art comme « La Femme fleur » (1946), solaire, éblouissante… Ils s’installeront à Vallauris en 1948. Durant plusieurs années, Picasso travaillera à l’atelier Madoura (avec la famille Ramié) sur toutes sortes de supports (assiettes, vases, carafes…). Selon son souhait, certaines céramiques seront éditées en plusieurs centaines d’exemplaires dont il supervisera la création. Le but étant que tout le monde puisse avoir un Picasso chez lui, un Picasso « utile », témoignage de la simplicité de l’artiste depuis ses origines. À cette époque, André Villers est un jeune homme de vingt-deux ans, hospitalisé depuis six ans au Centre Héliomarin voisin à la suite d’une tuberculose osseuse. Là-bas, il est initié à la photographie par un professeur et commence à prendre des clichés de Vallauris et ses habitants. En 1953, alors que Picasso est toujours installé dans le village des potiers où il achève son oeuvre « Guerre et Paix », il porte déjà un fort intérêt à la photographie qu’il doit sans doute à ses fréquentations, de Dora Maar à Man Ray en passant par Lee Miller ou encore Robert Doisneau et bien d’autres… Il y voit une sorte de manière d’approfondir son travail de sculpture avec les notions de plein, de vide, la forme, l’espace, les ombres… C’est lorsque le jeune André Villers prend un cliché du célèbre peintre que naît une longue amitié. Picasso voit tout de suite le talent du jeune Villers. Lorsque le premier appareil photo de ce dernier cesse de fonctionner, Picasso lui off re son célèbre Rolleiflex, que l’on peut découvrir aujourd’hui à Mougins, au Musée. André Villers réalisera de très nombreux portraits du Maître, ainsi que d’autres artistes telles que Fernand Léger, Alexander Calder, Jacques Prévert, Alberto Magnelli, Jean Arp, Le Corbusier, Salvador Dalí, Joan Miró, Marc Chagall, Max Ernst, Jean Cocteau, Luis Buñuel, Federico Fellini, Léo Ferré, Ben…

Picasso et Villers iront jusqu’à la création d’oeuvres à quatre mains : des photographies prises par Villers, découpées par Picasso, puis à nouveau reprises par le photographe au cours d’un travail de laboratoire. C’est l’objet de « Diurnes », exposition du 15 juin au 16 septembre au Musée de la Photographie André Villers du village (voir page suivante). Les années passent et l’amour de Picasso pour la Côte d’Azur ne s’estompe pas. Il s’installe à Cannes dans la villa « La Californie » en 1955.

À Mougins Village, Picasso plus grand que nature

2,40 mètres de haut, 1,60 de large et 1,80 de profondeur, 500 kilos, c’est la taille de l’hommage consacré à Picasso par la Ville de Mougins !
L’entrée du village place des Patriotes est ornée d’une sculpture monumentale de la tête de Picasso, "Pablo" réalisée par l’artiste Gabriël Sterk. Le premier aperçu du visiteur en arrivant au village sera donc celui de l’artiste qui a façonné l’image de village-galerie dans le monde entier.

Le Mas Notre-Dame de Vie, l’Antre du minotaure

En 1952, Picasso, encore avec Françoise Gilot, rencontre Jacqueline Roque, qui deviendra sa compagne en 1953. Lorsqu’il l’épouse en 1961, Picasso vit entre sa villa « La Californie » à Cannes (achetée en 1955) et le château de Vauvenargues (1958). La construction d’une haie d’immeubles le privant de la vue sur la mer qu’il chérissait tant entraine son départ de la Californie. Jacqueline refuse de s’installer à Vauvenargues qui est trop isolé. Picasso quant à lui a maintenant 80 ans et ne peut habiter trop loin d’un port médical. Picasso acquiert le mas Notre-Dame de Vie en 1961.
Luxe, calme et créativité
Un site magique, une vue enivrante, un lieu et une bâtisse de quelque 800 m2, bientôt agrandie de deux ateliers, théâtre secret de son génie créatif, quoiqu’ouvert sur le ciel et le soleil, qui y entraient à flot comme dans une serre luxuriante.
Picasso appelait ces pièces son « bric-à brac », un gigantesque capharnau ?m imprégné de l’odeur des peintures et des vernis sur les toiles pas encore sèches qui proliféraient de jour en jour, de nuit en nuit.
Cette dernière demeure fut source de créativité et d’inspiration, Picasso y eu
la période la plus « productive » de sa vie en effet les 38 pièces de la maison étaient remplies d’oeuvres d’art et il n’avait de cesse de créer.
« Jamais, a joliment écrit Hélène Parmelin(1) dans aucun lieu de ses travaux et de ses jours il ne fait vivre et proliférer la peinture comme à Notre-Dame de Vie (...) Il peint à demi-nu au soleil d’un panorama gigantesque qu’il capte tout entier dans les vitres de l’atelier (...) A Notre- Dame de Vie, on sent le mouvement perpétuel du travail créateur. (…) C’est une maison pleine de travail à faire, gorgée de travail en train, croulant de travail accompli (...)  »

"Pablo Picasso en kimono, Notre-Dame de Vie, Mougins 1965" © Atelier Lucien Clergue, Saif, 2018

Sculpture en tôle pliée à partir de papiers pliés, maquettes en cageot et en bois, peintures, gravures… Le Mas devient un gigantesque atelier de fabrication. Picasso reprend tous les thèmes qu’il a abordés au cours de sa vie. À partir de 1968, on observe une révolution dans ses peintures : en effet, elles ne respectent aucune règle inachevées, inaccomplies, avec des coulures et plus de violence...

L’anecdote
Le mas de Notre Vie a été rebaptisée depuis « L’Antre du Minotaure », l’antre pour la vaste propriété remplie d’oeuvres du sol au plafond dans laquelle le Maitre s’enferme et se terre, le Minotaure représentant Picasso, maître des lieux, gardien du mystère qui l’entoure.
On note également un grand changement dans sa façon de vivre. Loin est
le temps des fêtes, des amis et de la famille, Picasso se replie sur lui-même et consacre tout son temps et son énergie au travail. Il a une angoisse absolue de la mort, qui s’accentue après une lourde opération de la vésicule en 1965 et il en devient superstitieux : chez le coiffeur il récupère ses cheveux afin de les brûler, lorsque Jacqueline lui coupe les ongles il fait de même, pour éviter que quiconque puisse lui jeter un mauvais sort. Il a cessé
de fumer et consomme de grands bols de thé vert jusqu’à l’aube, qui le surprend épuisé mais galvanisé par le renouveau de son art, seulement hanté, non par sa disparition, mais par l’épouvantail de la maladie : « (…) La maladie, c’est le temps que l’on perd à ne pas apprendre ce que l’on désire… », dit-il à Nice-Matin, le jour de ses quatre-vingt ans.
La maladie eut le bon goût de ne le visiter que brièvement. Le dimanche 8 avril 1973, la nouvelle rompt la tranquillité du village qui comprend qu’un pan de son histoire s’écroule.
Et que le vide sera immense.

Visuels de Une : (détail) DR Ville de Mougins

PICASSO AU MUSÉE DE LA PHOTOGRAPHIE
ANDRÉ VILLERS
« Diurnes » : Picasso/Villers
15 juin > 16 septembre
Musée de la Photographie André Villers
Porte Sarrazine – Mougins Village
Entrée libre
Ouvert 7j/7 de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
Ouvert jusqu’à 19h du 15 juin au 15 septembre
Parcours « Picasso à Mougins »
Rendez-vous à l’offi ce de tourisme de Mougins au village, place des
Patriotes
Visites guidées à 10h30 tous les mardis d’avril à octobre sur inscription obligatoire. 04 92 92 14 00 // [email protected]

Artiste(s)

PICASSO

Pablo Ruiz Picasso, né à Malaga, Espagne, le 25 octobre 1881 et mort le 8 avril 1973 (à 91 ans) à Mougins, France, est un peintre, dessinateur et sculpteur espagnol1 ayant passé l’essentiel de sa vie en France. Artiste utilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme le (…)

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