Parcours d’un artiste engagé
A l’heure de la toute prochaine conférence sur le climat, l’oeuvre de Philippe Pastor trouve une nouvelle résonance au coeur du contexte actuel. A travers la peinture et la sculpture, cet artiste monégasque n ‘a cessé de dénoncer le rôle des hommes et leur responsabilité face aux désastres écologiques.
C’est ainsi qu’il crée en 2003 les premières sculptures des « Arbres Brûlés » qui deviendront l’emblème de la lutte contre la déforestation lors de la Campagne Plantons pour la Planète du Programme des Nations Unies pour l’environnement. Il créera même pour l’occasion l’Association Art et Environnement afin d’organiser
des opérations de reforestation aux quatre coins du monde. Après des installations à New York, au Kenya ou à Singapour, une nouvelle version de ces sculptures s’expose dix ans plus tard à la Gare du Nord et à la Gare Montparnasse, en collaboration avec la Fondation Nicolas Hulot. Ces totems calcinés viendront ensuite soutenir la démarche environnementale de la Principauté, intégrés au Pavillon Monaco lors de la récente exposition Universelle de Milan.
Créer un dialogue avec la nature
Dans sa démarche picturale, Pastor évolue petit à petit vers l’abstraction, en travaillant au plus proche de la nature, à partir d’éléments naturels et de pigments purs. Sa participation à la Biennale de Venise en 2009 sera d’ailleurs consacrée à la thématique de l’environnement avec la série « Le Ciel Regarde la Terre » où des
oeuvres telles que « Le Pôle Nord, La Lente Agonie de l’Ours Polaire » dénonçaient déjà les catastrophes environnementales.
« Les destructions, les accidents en disent long sur l’humanité, et c’est un point qui m’intéresse. Je souhaite travailler en extérieur, avoir un lien direct avec la végétation est essentiel pour moi, pour exprimer ce que je ressens mais aussi ce que la nature a à dire. Je veux être en contact, créer un dialogue. »
Depuis, il déplace souvent son studio en extérieur, comme pour la série « Les Quatre Saisons », où les éléments végétaux et l’action du temps viennent forger la toile et créer de nouvelles cartographies qui s’étalent sur d’immenses surfaces. Pastor explore la matière, reflet de l’énergie de la terre, de la nature, de la vie, d’où
émergent les peintures dédiées à sa cause. Les séries « H2O », « Bleu Monochromes », ou plus récemment « Les Oiseaux du Malheur » feront tour à tour référence aux problèmes d’eau potable, de contamination des fonds marins ou de pollution des côtes maritimes.
« Basta » à l’autodestruction
« Basta » à la destruction de la planète
« Basta » à la pollution
« Basta » à la déforestation
« Basta » au réchauffement climatique
… etc, etc…
C’est en lettres de pierres qu’il grave au printemps dernier son message - « Basta » - sur toute la longueur d’un champ aux environs de Figueras.
En extérieur ou dans son atelier, il travaille à la campagne, en retrait, conforté par cette phrase de Jiddu Krishnarmurti qu’il répète souvent : « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade ».
Aujourd’hui la Galerie Monaco Modern’Art présente quelques unes de ces oeuvres récentes, des séries « Bleu Monochrome » et « Les Oiseaux de Malheur » ainsi qu’une oeuvre monumentale « Les Quatre Saisons », produite dans la forêt varoise.