Après des études d’architecture à Paris entre 1973 et 1979, Patrick Tosani se consacre à la photographie. Il propose avec ses premiers clichés de 1982 une réflexion sur la photographie comme forme picturale et travaille par séries et en grand format : la glace, le feu, la pluie… Par de subtils cadrages, le sujet s’impose dans toute sa matérialité, déployant une foule de détails qui tissent un nouvel imaginaire. La photographie de Patrick Tosani apparait comme un lieu contradictoire et ambigu, entre illusion et représentation.
Depuis près de trente ans, il développe une pratique hors-normes et revendique l’emploi « des moyens les plus objectifs de la photographie : la précision, la frontalité des prises de vue, la netteté, la couleur, l’agrandissement pour interroger la force de l’image. » Ses photographies traitent de thèmes assez banals et abordent généralement la notion de « fragment ».
Il s’agit le plus souvent d’objets qui nous sont familiers (ampoules, cuillères, chaussures, vêtements, niveaux…) ceux sur lesquels le regard s’est habitué à glisser. Cadrés de très près, agrandis, ils sont prétextes à des séries surprenantes, renouvelant de fond en comble la tradition picturale de la nature morte. Loin de délivrer des parcelles de vie pétries de naturalisme, ses images mettent en question la représentation photographique. Pour lui : « Le geste essentiel de la photographie est d’isoler une petite partie du réel par le cadrage, et ce choix de cadrage est un choix de fragmentation. »
L’originalité de son travail réside sans doute dans le fait que son œuvre témoigne d’un phénomène tangible mais où la réalité est finalement remise en cause, interrogée et questionnée de manière poétique et presqu’existentielle dans notre rapport au monde.
Il a reçu le prix Niepce en 1997 et de nombreuses expositions lui ont été consacrées, en France comme à l’étranger.