L’Hôtel des Arts, centre d’art du Conseil Général du Var, expose depuis près de 15 ans des artistes contemporains à la renommée internationale en explorant tous les supports ; A la peinture, la sculpture et la photographie, se sont ajoutés ces deux dernières années l’architecture, la vidéo, les arts numériques et, à travers « Oxymore and More », pour la première fois la bande dessinée.
Préambule
A travers une approche rétrospective et thématique du travail d’Enki Bilal (illustrations, peintures, clips vidéo, compression cinématographique et bien entendu, bandes dessinées), cette exposition permettra aux visiteurs de découvrir les multiples talents de cet « artiste hybride » qui a construit sa vie et son oeuvre autour du dessin.
La puissance et l’originalité de ses images ont marqué les esprits de plusieurs générations de lecteurs et de spectateurs : qu’elle soit conçue pour le cinéma, pour illustrer la couverture d’un roman ou l’affiche d’un ballet, pour les planches d’une BD ou qu’elle recouvre une toile, chacune de ses créations est percutante et reconnaissable au premier coup d’oeil.
Pourtant, loin de rester figé dans un style qui lui a apporté la reconnaissance du public et de la critique, Enki Bilal évolue sans cesse, change de technique, s’approprie les nouvelles technologies, multiplie les expériences graphiques et les collaborations, toujours à la recherche de nouvelles voies à explorer. Pour sa dernière trilogie, dite du « Coup de Sang », (« Animal’Z », « Julia et Roem » et « La Couleur de l’Air »), il revient aux fondamentaux : feuille de papier et mine de plomb.
Enki Bilal est un artiste en perpétuel mouvement, créant sans cesse des passerelles entre les différents médiums, passant du 9ème au 7ème Art, du dessin à la peinture, afin d’enrichir inlassablement son oeuvre de ses nouvelles rencontres et expériences. Qui mieux que lui, pouvait représenter la bande dessinée, art vivant à la fois populaire et contemporain, pour une première exposition à l’Hôtel des Arts ?
« Rien ne peut éclipser le dessin. »
Avec le temps, certaines images peuvent sembler quasi prophétiques, laissant entrevoir des fragments d’avenir. C’est le cas de ces quelques secondes de film* où l’on voit le jeune Enki, âgé d’une dizaine d’années, ébauchant un cow-boy, à la craie sur les trottoirs de Belgrade. Tout est dit sur ce petit morceau de pellicule prémonitoire qui rassemble les fondements de l’ensemble de son oeuvre iconographique.
Tout d’abord, la Yougoslavie, la terre de son enfance, qui va laisser des traces indélébiles sur toutes les images que Bilal produira durant des décennies. Ce pays qu’une guerre particulièrement cruelle et absurde va faire voler en éclats et qui laissera de profonds et douloureux stigmates, si visibles dans la trilogie du « Monstre ».
Il y a ensuite le cinéma, rêve d’enfance qui paraissait inaccessible, que Bilal va découvrir et s’approprier au fil de ses films et qui, même s’il lui laisse parfois un petit goût d’insatisfaction au fond de la gorge, continuera d’enrichir son oeuvre et de l’attirer comme une force magnétique.
Enfin, et par dessus tout, le dessin qui va véritablement tracer son destin. Ce simple trait de crayon, de craie ou de charbon, qui de Lascaux à Picasso, va lui montrer la voie à suivre, va lui permettre, à lui l’enfant déraciné, de trouver sa place (et quelle place) dans la société. C’est donc cela qui en toute logique sous-tend l’ensemble de cette exposition. Ce dessin sur lequel reposent ses livres, ses peintures et ses films, donnant forme aux villes, donnant vie aux personnages et donnant vigueur à la Terre. Ce dessin qui, lorsqu’il devient peinture, évoque Francis Bacon ou Lucian Freud, et montre toute sa puissance. Ce dessin qui, sous la forme de story-board ou de
concept-art devient images cinématographiques. Ce dessin qui, dans des moments d’épuisement, va revenir à l’essentiel, simple ligne tracée à la mine de plomb sur un support de couleur. Une simple ligne, un tracé épuré, un trait ultime que les hommes se transmettent, depuis des millénaires, comme un témoignage de leur humanité. Ce savoir faire que tous les enfants possèdent mais que la plupart perdent en devenant adultes et que seuls les artistes parviennent à conserver. Ce geste à la fois primal et primordial sur lequel Enki Bilal rejoint Alberto Giacometti qui disait : « Le dessin est la base de tout ». Pascal Orsini
Commissaire de l’exposition
*Documentaire de 1960 : « Boje na Asfaltu » de Ljubisa Jocic (18mn)
EVENEMENTS AUTOUR DE L’EXPOSITION
Sur réservation dans la limite des places disponibles
Samedi 18 octobre à 11h : Rencontre avec l’artiste Enki Bilal
Dessinateur et scénariste de bande dessinée, mais aussi réalisateur, Enki Bilal réussit à travers ses oeuvres à créer un univers foisonnant et bien particulier au point de devenir une référence et un personnage incontournable de la bande dessinée.
Samedi 25 et dimanche 26 octobre de 14h à 18h
Journées du jeu au Centre d’art
En partenariat avec Les yeux dans les jeux
Le temps d’un week end, enfants, familles et amis pourront venir partager un moment
ludique autour de jeux en lien avec l’univers d’Enki Bilal. Adresse, observation, mémoire, réflexion ou encore stratégie seront les maîtres mots de ces deux journées encadrées par des animateurs.
Jeudi 30 octobre à 19h : Concert avec Boreal Wood
En collaboration avec Tandem
Boreal Wood est le fruit d’une rencontre, celle d’Anthony Herbin et d’Elizabeth Cervetti. Enfants des années 90, c’est dans cette décennie mais aussi dans la précédente qu’ils puisent nombre de leurs influences, de la dream-pop des Cocteau Twins au shoegazing (Slowdive, My Bloody Valentine). Leur musique est un mélange subtil et raffiné de guitares rock, de voix en choeur, de sons synthétiques (machines, synthés), le tout porté par des mélodies planantes.
Jeudi 6 novembre à 18h30 : Concert avec Sébastien Llado
En collaboration avec Jazz à Porquerolles
Tromboniste majeur de la scène française du jazz, initié à l’art du coquillage par Steve Turre, Sébastien Llado s’est interessé au téléscopage de ces instruments naturels avec des outils issus de la musique électronique (boucleurs, samples, harmonizers etc…). Il compose et cisèle ses mélodies pour en faire jaillir l’évidence. Vous découvrirez un artiste qui mêle poésie et humour à son univers sensible et revendique des influences connues (Michael
Jackson) et moins connues (Wolfgang Dauner).
CYCLE « HUMOUR DE L’ART »
Avec Charlotte Serrus, Docteur en Arts plastiques et Sciences de l’art, auteure de l’essai« Glissades » (PUP, 2012)
- Jeudi 13 novembre à 18h30 : Précarités à l’oeuvre - des bienfaits du transport
humoristique
Où l’on se propose, partant d’un panel choisi de pièces contemporaines, d’ébaucher des questionnements ayant trait au jeu des formes, aux implications critiques, ainsi qu’aux malentendus qui accompagnent la production et la réception des oeuvres dès lors qu’elles se teintent d’humour. En tant que véhicules précaires impliquant une instabilité motrice, les processus humoristiques participent d’une expérience qui mêle allègrement la poésie à l’erratique.
- Jeudi 20 novembre à 18h30 : Projection de vidéo d’artistes
Ironie, humour, dérision sur le temps, l’homme, le langage, l’art… Des artistes
contemporains de renom se sont emparés de l’art vidéo pour bouleverser avec humour nos codes et soulever des questionnements. La projection de ces vidéos sera accompagnée d’une présentation et d’un échange avec le public. - Jeudi 27 novembre à 18h30 : Carte blanche à Alexandre Gérard
Alexandre Gérard est un artiste. Son travail « majoritairement ready-made » concerne
l’aspect partiellement douteux de notre perception des choses et la nécessité d’un constant besoin de décodage. Son travail a notamment été présenté à la Villa Arson, au MAC/VAL et au Nouveau Festival du Centre Pompidou.
Samedi 6 décembre à partir de 20h30 : NUIT TLN DIGITAL
Le collectif electrobE2Chambre, acteur des cultures numériques et électroniques à Toulon, expérimente sa première NUIT TLN DIGITAL à l’Hôtel des Arts. Cette soirée permettra de découvrir de nouveaux talents ainsi que les gagnants du concours d’art numérique HACKATHON-TLN organisé avec TVT Innovation en partenariat avec l’UFR Ingémédia et l’Ecole Supérieure d’Art. Au programme, projection, mapping et musique électronique.
AUTOUR DE L’EXPOSITION - En collaboration avec l’Hôtel des Arts
Jeudi 20 novembre à 20h : Projection du film Immortel (Ad Vitam) de Enki Bilal
New York, 2095, en pleine campagne électorale. Dans la ville peuplée de mutants,
d’extraterrestres et d’humains réels ou synthétiques, trois noms : Horus, Nikopol, Jill... Trois êtres aux destins convergents dans un monde où tout est truqué : les voix, les corps, les souvenirs. Tout sauf l’amour, qui surgit comme une délivrance...
Théâtre Liberté, salle Toscan du Plantier - 4€
Vendredi 21 novembre à 20h30 : Concert graphique « Being Human Being »
Erik Truffaz, trompette, Murcof, musique électronique, Dominique Mahut, percussions, Enki Bilal, illustrations
Le souffle du jazz et le foisonnement futuriste de la musique électronique s’allient aux
images d’Enki Bilal pour un show sonore et visuel sur la beauté et la violence du genre
humain. Théâtre Liberté – Billetterie 04.98.00.56.76 / [email protected]
A l’occasion de ce concert, l’Hôtel des Arts sera ouvert jusqu’à minuit
Photo de Une : Détail de la couverture de l’album « La couleur de l’air », 2014 (éd. Casterman)