Un grand salon aux murs blancs, un parquet en chêne reflétant une lumière idéale, des photos, dessins, peintures et sculptures mis en place avec un soin particulier sont offerts au regard placide du chat de la maison autant qu’à celui du public.
Nous entrons dans l’appartement d’une collectionneuse qui voit clair même dans l’ombre.
Aki Kuroda, artiste chéri de la fondation Maeght a déposé chez Véronique de Lavenne une toile noire où est gravée l’expression loufoque « Midnight Spaghetti » qui nous plonge dans une certaine perplexité. Malgré son titre cette petite oeuvre reste une ténébreuse affaire.
Dans David Galimant, on entend « gamin » et « ment » : est-ce le nom qui conduit ce plasticien du Connectif Keskon Fabrique à faire mentir les ressorts à matelas pour composer de très poétiques arbres-lampes ?
Sens du sacré flagrant chez Béatriz Moreno, dont les grandes photos en noir et blanc possèdent le charme étrange d’un inconscient féerique habité d’animaux qui, revêtus de somptueux costumes de théâtre, nous semblent tellement humains.
Le noir et le blanc s’opposent franchement dans l’œuvre minimaliste de Benoît Lemercier, proche de Gottfried Honegger, pilier de l’art concret. Dans ses sculptures et ses peintures, l’artiste affronte l’infini radicalement, preuve par neuf dans ses anamorphoses.
« Degré zéro de la matière » le papier à cigarette : ce qu’en fait Maryline Pomian est vraiment affolant.
Quelque chose fait souffrir Anne-Sophie Viallon. Cet unique dessin, cette peinture cousue de fil blanc reste énigmatique, semblant s’effacer elle parle à l’âme.
On ne reste pas de glace, devant les inclusions de peinture et collages dans le plexiglass de Dominique Rembauville, les contrastes de textures sont suffisants pour provoquer des émotions immédiates. Ce qui semble amusement chez l’Argentine Gladys Nistor, ce qui semble simple et bref est un courageux et espiègle élan dans l’espace qui ne s’embarrasse d’aucun détail superflu.
Félicité du noir et du blanc, de l’ombre et de la lumière. Il faut voir cette exposition d’appartement,et, se forger sa propre opinion…
Annick Chevalier