Dans ses grandes photos imprimées sur alu dibond, ce n’est pas la cité flamboyante, ensoleillée, scintillante (celle des touristes) que nous présente Jean-Jérôme Orsini, mais une Nice secrète, intimiste, en noir et blanc, et sous des temps incertains.
Avec l’eau omniprésente sous toutes ses formes : mer, pluie, nuages, jets d’eaux, flaques, il nous dévoile une Nice plutôt sombre, à l’envers et humide.
La Promenade et ses attributs comme les célèbres chaises bleues sont montrés sous des angles inattendus : des vieilles chaises renversées (au dessus d’une entrée de plage), d’autres bien alignées mais vues dans les reflets d’une flaque d’eau, une pergola en contreplongée sous un ciel menaçant, des fractions de statues, des bouts de maisons, de rues, toujours aperçus à partir d’originaux points de vue.
Deux photos seulement sont en couleurs : le Négresco vu à travers les vitres mouillées d’une voiture, comme un regard d’enfant posé sur une réalité floue, et une vue, ou plutôt une « vision » très matinale (à 7h15) de la rencontre du ciel, de la mer et de la ville (juste sous le Château).
Le ciel est encore hésitant, quelques lumières résistent, la mer est d’huile et l’espace infini.
Dans les photos de Jean-Jérôme Orsini, il y a peu d’humains : un rêveur à la tête perdue entre mer et ciel, des marcheurs pressés, des étendues désertes. Une solitude émane de ses espaces vides et de ses personnages isolés.
Ses cadrages particuliers nés d’un œil nourri de cinéma nous plongent comme dans un film noir où la caméra s’attarde sur une image comme pour créer un suspens, une attente, un répit, juste avant le plan suivant.
Alain Amiel