Denis Gibelin, artiste conceptuel, fin observateur, recherche et extrait des bords de mer les traits que la nature produit et reproduit sans cesse. Pour lui, le « trait de rive » est cette ligne mouvante et ressassée que la mer laisse sur la rive en déposant à chaque vague un peu du sel qu’elle transporte. Par son travail, il matérialise cette ligne pourtant indéfinissable.
Dans ce lieu très chargé qu’est l’Orange Bleue, l’espace où son œuvre s’étale offre un moment de calme, la vision d’une « mer » reconstituée. Elle n’est pas bleue mais noire et s’éclaire de cristaux blancs à sa lisière.
Nathalie Broyelle, peintre de formation classique, montre sa propre approche du trait, qu’elle aborde de façon détournée par des superpositions de calques. Le trait est constitué par les bords des feuilles de calques, l’ensemble renvoyant à des formes visages, de fleurs ou de vulve. La chair, qui est au cœur de son travail de plasticienne, réapparaît, débordant la notion de trait. Des gravures tirées à partir de ses dessins sont également réalisées.
En 2020, Nathalie Broyelle a exploré les œuvres de Caravage et Bacon, deux artistes qui ont marqué l’histoire de l’Art par leur approche de la chair et de l’expression exacerbée. Ce travail a donné lieu à un livre présenté à l’exposition.
Louis Dollé, artiste multi-disciplinaire, animateur de ce lieu rare à Nice où enseignements, manifestations festives, expositions, performances, etc., ont lieu chaque année, a choisi de rendre hommage à ces deux artistes dont il a voulu confronter les travaux : pour Denis Gibelin, il a réalisé un portrait sculpté de l’artiste debout au milieu de son univers marin ainsi que des gravures rehaussées de vagues bleues. Pour Nathalie Broyelle, il a créé une belle gravure très fouillée qui représente sa silhouette émergeant d’une forêt d’arbres-tentacules très charnus qu’elle semble maîtriser (tirée en encre noire et rouge).