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Fin de cet événement Mars 2019 - Date du 6 octobre 2018 au 4 mars 2019

Musée Fernand Léger : regards croisés sur la poésie industrielle

Le photographe Stéphane Couturier présente ses photos à Biot. Elles font évidemment écho au travail du peintre cubiste.

Fernand Léger, les architectes et les peintres de son temps entretenaient des relations amicales et artistiques fructueuses. Le musée de Biot nous a souvent offert le spectacle de leurs travaux. Sa nouvelle exposition propose un jeu de miroir entre deux artistes qu’une petite centaine d’années sépare : Fernand Léger, le peintre cubiste d’une part, et le photographe Stéphane Couturier, qui présente d’immenses tirages permettant d’entrer dans le spectacle des mutations de la ville, du monde du travail, de l’esthétique industrielle et de l’architecture moderne.

Le lendemain de la seconde guerre mondiale était une période d’espoir. La "géométrie élémentaire et colorée", les télescopages de plans, la décomposition du motif de Léger retrouvent chez Couturier un écho paroxystique. Et si l’homme s’impose dans la peinture de Fernand Léger, il disparaît dans la photo de Couturier.

Ce dernier parcourt les métropoles du monde depuis les années 90 pour enregistrer leurs transformations en même temps que la disparition de la société industrielle. La photo numérique permet ces détournements qui sont des procédés repris par les artistes de notre époque. Stéphane
Couturier superpose, déconstruit, reconstruit, comme un enfant le ferait avec son mécano.

Traduire le bruit en images...

Dans la série de petits formats exposés dans la pénombre d’une salle de rez de chaussée faisant valoir la qualité des tirages et leur lumière exceptionnelle, le photographe efface ou souligne les structures métalliques du pont Sadi Carnot de Sète et de son environnement de grues, au point qu’on ne conserve que des images fantasmées et poétisées de ce paysage portuaire. Il avoue laisser une large place à l’impondérable et au fortuit. La série "Melting Point", fusion de la toile de Léger "Le remorqueur" et des
clichés du port de Sète, ouvre des perspectives plastiques nouvelles et
infinies. Les grands tirages de l’usine Alstom de Belfort et ceux de l’usine Toyota de Valenciennes traduisent les bruits et le mouvement des machines, ces images étant agrémentées de séduisantes couleurs pastel qui viennent contredire ironiquement la puissance exaspérante du monde industriel.
Insondables échafaudages, structures métalliques du Grand Palais rendent grâce à la beauté des ouvrages métalliques, l’orfèvrerie monumentale des appareils, leurs couleurs, leur netteté, leur présence envahissante. Impossible de s’accrocher quelque part dans cette vertigineuse géométrie presque abstraites, faite de contrastes, de plans colorés.

Voici comment un artiste contemporain perçoit les mutations de la ville, si difficile à exposer, face à celles qui ont alimenté la réflexion de Fernand Léger.

Photo de Une : L’usine Toyota vue par Stéphane Couturier (DR AC)
Exposition « Stéphane Couturier / Fernand Léger » au Musée national Fernand Léger du samedi 6 octobre 2018 au lundi 4 mars 2019.

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