Après Alberto Giacometti, la galerie Lympia de Nice aménagée dans le bâtiment dit des galères du port reçoit une nouvelle exposition marquante, celle du Niçois Moya.
"Le Cas Moya", titre de l’expo, se traduit par une rétrospective pour laquelle l’artiste s’est vraiment lâché : des peintures, des sculptures et des installations. Et, comme si cela ne suffisait pas, il a même peint directement sur les murs de l’ancien bagne !
Alors bienvenue dans ce "Moya Land" coloré et inventif, dans lequel on se promène presque comme dans un parc d’attractions. Ce ne serait pas pour déplaire à ce créateur original qui aimerait tant que son art touche tout le monde.
Immédiatement reconnaissables, les œuvres de Patrick Moya restent pourtant difficilement cernables avec un style personnel et original. On comprend juste, mais alors immédiatement, que cet artiste est énorme et attachant, simple et complexe, virtuose et d’une liberté totale.
Son monde est peuplé de personnages comme son effigie au long nez façon Pinocchio, d’enfants sur-dimensionnés, d’une brebis Dolly, d’éléphants et
d’oursons peints en rose, couleur généralement redoutée par les peintres. Il leur réinvente un univers avec un manège enchanté, peuplé par un bestiaire habillé avec des t-shirts ou portant des bermudas à fleurs, qui se tient debout, nous regardant, impavide.
Une messe "numérique"
Aucun tabou chez Moya. Il décline ses personnages en les démultipliant sur tous les supports imaginables à sa mode baroque : peinture, céramique, vidéo, 3D et même poupées et peluches.
De même que sa façon de prendre son "moi" pour modèle, pour aborder la question de l’humain, qui préoccupe tant les artistes. Pour tirer toutes les ficelles de la société du spectacle à son profit. Et même, provocateur, au travers de déclarations fracassantes comme "l’art est supérieur à tout, supérieur à Dieu, il faut aimer l’art".
Ce qui ne l’empêche pas d’imaginer une "messe numérique", qui est diffusée depuis Nice urbi et orbi sur internet, en même temps que la (vraie) messe des artistes célébrée chaque année en l’église Saint Pierre-d’Arène.
Pour cette rétrospective de la galerie Lympia, le Créateur c’est Patrick Moya. Il revitalise la peinture, réussissant à en faire un nouvel art d’avant-garde.