Cet événement sera l’occasion de voir des chefs-d’oeuvre de la modernité provenant des collections du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, et les travaux d’artistes partageant une source d’inspiration commune : le cosmos et l’infiniment grand.
Cette exposition montrera l’intérêt qu’ont manifesté les artistes d’avant-garde pour l’observation sidérale, dont on sait à quel point elle est présente dans l’oeuvre de Victor Vasarely, et sa persistance dans la création artistique actuelle.
C’est un parcours dans l’imaginaire cosmique d’un siècle de création, des années 1920 jusqu’à aujourd’hui, que propose « Modernités cosmiques », avec des oeuvres de František Kupka, Antoine Pevsner, Eugen Wiškovsky, Max Ernst, Lucio Fontana, Brassaï, Victor Vasarely, Anna-Eva Bergman, Émile Gilioli, Frank Malina, Kumi Sugaï, Jean Dewasne, Stefan Gierowski, Alain Jacquet, Laurent Saksik, Hugues Reip, Évariste Richer, Dove Allouche et Caroline Mesquita.
Son commissaire, Michel Gauthier, conservateur au Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, propose ici, dans une sélection de vingt-quatre oeuvres et vingt artistes, une lecture passionnante de l’art moderne et contemporain via le prisme cosmique.
« La Fondation Vasarely s’honore de présenter, dans l’écrin du Centre architectonique conçu par Victor Vasarely, classé depuis 2013 au titre des Monuments Historiques et ayant reçu la labellisation Musée France depuis 2020, un merveilleux ensemble d’oeuvres invitant nos visiteurs, toujours plus nombreux et avides de découvertes artistiques, à un éblouissant voyage interstellaire. J’exprime ma profonde gratitude à Michel Gauthier qui va aussi à Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, et à Xavier Rey, directeur du Musée national d’art moderne, avec qui nous engageons le prolongement triennal de la collaboration entre nos deux institutions, et qui ont rendue possible cette troisième édition » se réjouit Pierre Vasarely, Président de la Fondation Vasarely.
Manifestation majeure de la programmation estivale de la Fondation Vasarely, l’exposition présentera au public, et certaines pour la première fois, des oeuvres restées jusqu’alors secrètes au sein des réserves du Centre Pompidou, mais aussi d’institutions culturelles régionales, comme l’Espace d’art concret de Mouans-Sartoux ou la Fondation Hartung-Bergman à Antibes.
Modernité et cosmos au fil du temps
La modernité artistique n’aura jamais détourné bien longtemps ses yeux du cosmos. Des avant-gardes historiques jusqu’à aujourd’hui, celui-ci se sera offert comme un cadre référentiel à nombre d’oeuvres, en accompagnant différentes scansions de l’histoire de l’art.
Si la portée métaphysique de la vision cosmique et le trouble qu’elle suscite constituent une donnée anthropologique, l’histoire de la modernité artistique révèle que le cosmos aura souvent joué un rôle bien plus spécifique. Il continue d’habiter l’imaginaire du XXe siècle et du début du siècle suivant, mais pour des raisons fort diverses, parfois même contradictoires.
De l’utopisme des avant-gardes le souhait d’une modernité absolue, d’un art, d’un monde et d’un homme radicalement nouveaux, mais aussi le dépassement de tous les contraires, il fallait un lieu qui n’en fût pas un, un espace inconnu et sans limites. Seul le cosmos pouvait prétendre assumer pareil rôle. Non-lieu, il devint l’horizon logique des utopies modernistes.
Le cosmos a acquis pendant la période des avant-gardes historiques un droit de préemption sur l’abstraction qu’il saura faire valoir lors de la seconde moitié du XXe siècle, tout particulièrement quand il sera question d’espace, de mouvement ou de lumière et lorsque la géométrie voudra rêver d’autres règles que celles qui la gouvernant depuis Euclide.
On le sait, les origines de l’abstraction sont multiples. Le difficile abandon de la figuration a dû s’autoriser de différents récits. S’il n’y a pas, à proprement parler, une genèse cosmique de l’abstraction, les références au cosmos jalonnent l’apparition de cette dernière comme ses développements ultérieurs. La passion chromatique et le tropisme luministe qui accompagnent la naissance de l’abstraction ont donné une place essentielle au motif solaire et cosmique.
Si le cosmos des artistes de la modernité a longtemps été celui de la science, il est peu à peu devenu celui de la science-fiction.
Quand il regarde en direction du cosmos, l’art se tourne aujourd’hui vers le passé. C’est ce que révèlent plusieurs travaux des deux dernières décennies, d’orientations esthétiques variées.