| Retour

Fin de cet événement Mai 2018 - Date du 11 mai 2018 au 26 mai 2018

Mireille Vitry à découvrir chez Laure Matarasso

Mireille Vitry, née à La Réunion, a retrouvé il y a vingt ans le plaisir de s’entourer d’arbres qui naissent désormais de ses grandes mains (qui sculptent l’espace pendant qu’elle évoque son travail).

À partir de revues, de livres et de journaux qu’elle trempe longuement pour obtenir la texture particulière qu’elle recherche, l’artiste modèle ensuite des sculptures raffinées, élégantes où transparaissent un peu de la couleur délavée des illustrations des magazines, et celle dominante du noir de l’encre devenu gris pâle.
Plié, trituré, broyé, lissé, devenu glaise à modeler sous les mains de l’artiste, le papier façonné prend d’étonnantes formes d’une extrême sensualité.
Présentées dans la belle galerie blanche et lumineuse de Laure Matarasso, ses récentes sculptures sont d’une grande diversité de formes, de couleurs, de matières.

Dans certaines d’entre elles, le livre est encore « lisible ». On reconnaît sa couverture et le bloc condensé de ses pages agglomérées en une forme élancée.

Dans d’autres sculptures, le livre disparaît, on ne voit plus qu’une matière indéfinie retravaillée et mise en forme.

Désert (AA)

Dans un très intéressant petit inventaire, l’artiste recense les différents papiers utilisées : souvent « Télérama, Le Monde ou Le Figaro pour leurs pages fines et brillantes avec assez de couleurs pour donner des teintes délicates, Libération, très chargé en encre, les journaux chinois épais et poreux prenant une intéressante teinte jaune, le Financial Times pour sa couleur rose..., mais aussi le Bottin, les catalogues de vente qui offrent de belles trames..., et bien entendu, les revues d’art qui enferment des trésors de teintes... car il s’agit bien sûr de n’ajouter aucune couleur  ».

Certaines sculptures en forme de colonnes évoquent de fins troncs d’arbres, d’autres, des livres enroulés sur eux-mêmes, renvoient à des rouleaux de parchemin, aux volumen, premier état du livre, plus tard remplacé par le codex, le livre tel qu’on le connaît, cet ensemble de feuilles planes homogènes pliées assemblées en cahiers couverts d’une reliure plus épaisse. Ce nouveau format, beaucoup plus maniable et moins encombrant qui offre la possibilité d’accéder rapidement à n’importe quelle partie du texte, va être adopté universellement.

C’est lors de notre ascendance arboricole que nos mains et nos doigts se sont façonnés.
Ils ont été forgés par les arbres pour tenir, attraper, arracher, éplucher, créer des outils, etc. C’est grâce à ces mêmes doigts que nos ancêtres ont pu réaliser les premiers dessins tracés au charbon ou avec des ocres sur les parois rocheuses ou sur la peau, et de là, les premiers signes, l’écriture et enfin le livre...

Résonance (AA)

Nous devons nos doigts aux arbres, il est naturel qu’ils nous ramènent aux sources : « au cœur du papier bat encore le pouls de l’arbre » nous dit l’artiste.

Au-delà son contenu originel, le livre devenu matière et forme, s’enrichit sous les mains expertes de Mireille Vitry, de sens nouveaux s’adressant à la vision, au toucher, à la sensibilité.
Alain Amiel

Bois dormant (AA)

Photo de Une : (détail) Résurgences
Toutes photos de l’article et de Une © Alain Amiel

Artiste(s)

Mireille VITRY

Sculpteur-plasticienne "C’est le temps que j’évoque. Le temps qui fait et défait. Le temps qui bâtit, ajoute, enlève, transforme. Tout est dit autour de moi. Il s’agit seulement de regarder, d’être présent, de déchiffrer les signes. Il suffit de s’attarder, de prendre en soi les (…)

pub