Le MIP est un musée unique au monde dans son esprit. Rien que son architecture audacieuse, signée Frederic Jung, réunit les vieilles pierres depuis le XVIe siècle jusqu’à une nef métallique transparente récemment ajoutée.
Parfums de cristal
Place à l’innovation : une cinquantaine de plasticiens et parfumeurs dialoguent par des installations immersives, des œuvres réalisées in situ, comme ce mur odorant de Julie C. Fortier figurant un nuage entièrement composé de testeurs à parfum ! Ou bien cette bergère tapissée de fleurs d’immortelles reposant sur une moquette de fleurs de lavande de Peter de Cupere !
Les sculptures 3D odorantes d’Antoine Renard, un flacon en édition unique du verrier biotois Jean-Claude Novaro côtoient un flacon en cristal de baccarat par Baye Gallo, peint, additionné de métal et de marc de café.
D’un seul coup on considère le parfum sous des angles inédits. Ses vertus ne se cantonnent plus dans le domaine du sensuel ou du poétique. S’il a inspiré les designers et plasticiens (Gottfried Honegger, François Morellet, Aurélie Nemours et Bernar Venet), il fait aussi réfléchir écrivains, bédéistes, chorégraphes, philosophes, scientifiques… On voit se créer entre-eux des partenariats. Annick Menardo et Angelin Preljocaj, Julien Rasquinet et Eva Jospin, Mathilde Bijaoui et Marjane Satrapi.
Le choc des photos
La composition d’un parfum ne relève pas du hasard. Les images olfactives créées par ses créateurs tiennent du domaine de l’art et de la science. Jean-Claude Ellena, parfumeur virtuose exclusif de la maison Hermès, théorise son activité dans ses livres. Le maître parfumeur Francis Kurkdjian, créateur du « Mâle » de Jean-Paul gaultier, best seller international, engage un partenariat avec Sophie Calle et donne à rêver en embaumant des lieux majestueux. Le duo Pierre et Gilles représente Clara Luciani en Madone aux Fleurs. Jean-Pierre Bertrand utilise des matières organiques dans ses lithographies. Rachel Levy réalise de surprenantes photographies de fleurs presque fanées. La photographe Martynka Wawryniak travaille sur son propre corps, pratiquant sur sa peau l’enfleurage, comme on le fait encore sur le jasmin à Grasse : elle capture son odeur corporelle pour en produire une essence, et en donne à voir des photos saisissantes. Sous l’angle documentaire, on trouvera les très belles photos de faucheurs de lavande à Caussol de Frédéric Pasquini.
Dans le parfum, la mauvaise odeur fait appel à ses sentiments plus sombres : la « Smoke Room » de Peter de Cupere témoigne d’une critique sociale qui peut faire tousser d’angoisse. Les milliers de mégots collés dans son installation sont hermétiquement enfermés à l’abri de nos odorats.