Au début du siècle dernier, les parfumeurs grassois qui maîtrisaient parfaitement leur art olfactif, ont commencé à se préoccuper de l’esthétique de leurs produits en créant ce qu’on appelle aujourd’hui du nom barbare de « packaging ». Objets, mobiliers, peintures, affiches et photos montrent la créativité de ce tournant de siècle liée aux innovations techniques et esthétiques de l’époque.
Des noms qui ont fait l’époque
La Belle Epoque aura commencé à la fin du XIXe siècle. C’est l’apparition de l’Art Nouveau, qui s’appuie sur une esthétique de lignes courbes : "le style nouille". Le retour de la joie de vivre après la fin de la première guerre mondiale coïncidera avec le mouvement international de l’Art Déco, marqué par une évolution vers un style plus géométrique.
La grande dépression mettra fin aux Années Folles en 1929. S’étendant dans tous les domaines du décor et des arts appliqués, plus ou moins artistique, plus ou moins manufacturé, ce renouveau s’affirme en particulier dans la parfumerie. L’exposition « De Belle Epoque aux Années Folles » est une démonstration de cette effervescence qui filtre à travers tout ce qui est lié à la toilette raffinée.
Flacons en verre soufflé dessinés par René Lalique. Emouvantes et simples boîtes à poudre et à savon. Tout ce qui se trouvait sur les tables de toilettes et qui faisait la vie jolie.
Multiples facettes de l’Art Nouveau, qu’éclairent leurs égéries telles Liane de Pougy, Cléo de Mérode, Suzy Solidor. Ou les inventions créatrice des dessinateurs qui subliment sur les emballages les parfums Chanel, Guerlain, Patou.
Séquence admiration devant des objets dénués de fioritures, de forme géométrique ou s’inspirant de motifs floraux, façonnés dans des matières nobles comme palissandre, cristal, galuchat, dorure, laque orientale… Des mobiliers de marqueterie d’Emile Gallé. Ou le très géométrique cache radiateur de Jean Prouvé.
Le facétieux flacon Arlequinade imaginé par le dessinateur de mode Paul Poiret.
Le bureau Nénuphar de Louis Majorelle en acajou et bronze doré.
La version réduite en biscuit de Sèvre de l’ours Pompon, dont l’original se trouve au Musée d’Orsay.
Cette oeuvre du sculpteur animalier François Pompon symbolise parfaitement le retour à la simplification qui marque ce début de siècle tranche par son modernisme avec la sculpture héritée du XIXe siècle.
La silhouette élancée de la parisienne est représentée par le peintre niçois Jules Chéret. Les femmes sportives, femmes émancipées, peintes par Lucien Maillol, Georges Sabbagh, la Suzy Solidor de Jean-Gabriel Domergue posant en tenue d’homme.
Et les noms célèbres de Mucha et Jules Chéret, pionniers tous deux de l’affiche publicitaire, dans cette exposition extrêmement riche rassemblée par Olivier Quiquempois, directeur des musées de Grasse.
ll faut flâner, oublier le temps, parcourir les salles du MIP pour… sentir cette époque !