Le masque et sa fonction de cacher un visage en dévoilant une expression est une pratique vieille comme l’homme : magique, mystique, associé au théâtre dont il est le symbole. Maubert en a peint des centaines, peut-être des milliers. Si la figure est encore présente, elle apparaît plutôt comme un souvenir vague, ancien, primitif.
Le triangle yeux, nez, bouche et la ligne des cheveux permet de distinguer tous les individus. Il devait être indispensable à l’humanité, à l’animalité aussi, de pouvoir faire très vite la distinction entre les individus (du latin individuum, « ce qui est indivisible »), sa vie pourrait en dépendre.
Des études récentes montrent que le cerveau de bébé reconnaît un visage humain en 150 millisecondes et le distingue de tous les autres objets, une performance imbattable, même par une machine. La présentation à un enfant de photos de visages provoquerait l’apparition de deux ondes cérébrales distinctes de celle observée lors de la présentation d’autres catégories de stimuli.
Les œuvres de Maubert jouent ce jeu là, celui du jamais pareil, qui exprime non plus un visage mais son essence, son essentiel
Dans ses toiles, seul un œil, une bouche, le trait d’un nez rappellent un portrait. Il suffirait de cacher un élément et la toile devient totalement abstraite.
La pratique expressionniste du peintre alliée à une maîtrise sensible de la couleur, des jeux de formes, donnent à ses œuvres une grande richesse de textures mêlée à des figures habituelles que l’artiste affectionne : les poissons, les bateaux, la mer.
Mais ce qui nous éblouit surtout, c’est son jeu exhubérant avec les couleurs, les formes, les idées. Ses grandes toiles chargées de signes, de motifs graphiques répétitifs : frises, pavages, damiers, lignes, rythmes, etc., composent son univers singulier. Il y a gagné une vérité, une sincérité et surtout une grande liberté.
