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Maurice Maubert : « Les ports sont des portes »

Une fois de plus, au sein du Palais Lascaris, le vieux palais du XVIIe siècle, résidence des Lascaris-Vintimille devenu musée, Maubert est prêt à nous embarquer sur la Santa Manza, un navire issu de son imagination, devenu réel par ses œuvres, à l’origine, un bateau longtemps resté à quai au port de Nice qui l’a fait rêver.

Depuis des années, l’artiste ne cesse de le remplir de voyageurs réels et imaginaires, célèbres ou inconnus : artistes, poètes, shamans….

Certains ont déjà atteint des rives inaccessibles : Picasso, Pollock, Pasolini, Giacometti, Borgès, La Callas, Frida, Toto, Iggy Pop, Moondog, Fellini, Prévert, Casa, violoniste et clochard céleste niçois… D’autres sont encore là, sur ce bord du quai de la vie : Begnini, Miquel Barcelo, Eliane Radigue, Pierrot "le jardinier", Laura, Louis Pasto, Janluc Sauvaigo, Adran Brody, Gregory Bakounov, Sebastiao Salgado, etc., tous immortalisés dans des encres de Chine sensibles de couleur sépia. Ils constituent un bel ensemble d’amis, d’inspirateurs, d’initiateurs, qui ont forgé l’univers mental de l’artiste et l’ont entraîné dans les courants mouvants de l’art, de la musique et de la littérature.

Au milieu de la salle », une barque sculptée en suspension domine une mini Méditerranée de sable doré et de pigments bleus.

Sur les murs, des peintures racontent des épisodes du voyage ancestral sur la Méditerranée : une d’entre elles montre des voyageurs auprès du navire, dans l’attente d’un départ pour l’incertain, l’inattendu, l’improbable, dans l’espoir d’un El Dorado, en tous cas, d’un ailleurs à découvrir. Sur la mer où sous la mer…

Une toile toute bleue condense cet univers : le penseur/rêveur est assis sur le sable, au milieu de poissons transparents qui passent tranquillement devant lui, les lumières au-dessus.

Une autre grande toile montre des fonds marins faits d’éclats de peintures recollés sur la toile, se mêlant aux touches. La mer, les pécheurs, les poissons sous un ciel étoilé bleu-nuit évidemment.
Sur des étagères sont présentés des personnages miniature nés de fictions littéraires : Ulysse, bien sûr, le plus illustre, mais aussi Hélène de Troie, le cyclope… On y voit également des cordages, un très beau vieux bois planté de clous tordus, des poissons et des « voyageurs de la nécessité », migrants venus d’Afrique «  en quête d’un rêve qui annule les frontières et s’ancre dans la vie  »… au risque de se perdre dans des naufrages indignes - Notre Méditerranée doit supporter aussi ses dures réalités.

Cette année, Nice, Capitale de la Mer, se dédie aux océans pour sensibiliser à leur importance vitale. À travers cette célébration, les mers et les océans rencontrent l’art, la culture, et la science dans un programmation à découvrir. Maubert en ouvre les portes.

MAURICE MAUBERT
AQUELA MAR - CETTE MER
14 SEPT.> 3 NOV. 2024

Tous visuels de l’article ©AA

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