Pendant tout l’été, l’Hôtel des Arts, centre d’art du Département du Var, offre l’ensemble de ses espaces à Mathieu Pernot.
Sous l’intitulé « Survivances », l’exposition invite les visiteurs à un parcours inédit dans le travail que l’artiste a réalisé pendant une vingtaine d’années auprès de diverses
communautés tsiganes, avec notamment des images jamais montrées au public.
Installations, photographies, enregistrements sonores et documents d’archives viennent construire ici un récit protéiforme de l’histoire de cette minorité, souvent opprimée, toujours vivace.
C’est en 1998 que Mathieu Pernot effectue un séjour en Roumanie, - mené dans le cadre d’une bourse de villa Médicis Hors les murs -, à la rencontre des Tsiganes d’Europe de l’Est, poursuivant ainsi un travail entamé trois ans auparavant à l’École nationale de la photographie d’Arles (EnsP). Les images qui ressortent de cet épisode singulier dans le travail de l’artiste révèlent avec simplicité la force des lieux et la puissance des visages auxquels il a alors fait face.
En étant présentées pour la toute première fois au public, dans l’exposition Survivances de l’Hôtel des Arts à Toulon, elles offrent un glissement silencieux sur la réalité des communautés tsiganes d’Europe de l’Est.
L’exposition interroge également la tragédie de l’Histoire, au travers de travaux consacrés à l’internement des Tsiganes dans les camps de Saliers (Bouches-du-Rhône) et Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Le visiteur y découvre tour à tour les morceaux d’une ancienne baraque prélevés et ré-assemblés pour l’occasion, des carnets anthropométriques que les nomades devaient porter ainsi que des fiches d’identité (Archives du Var)… La question du fichage trouve en effet ici un double écho, tant avec les photomatons d’enfants que l’artiste a réalisés en 1995 qu’avec la présentation d’archives familiales constituées de photos d’identité datant des années 1950 aux années 1990. Par des installations vidéo, la question de la survivance de certains rites tsiganes – deuil, mariage, chant - est également abordée.
Survivances propose des fragments d’histoire et des éclats du réel dont la complexité est rendue par la dispersion des formes de leur représentation.
L’exposition rappelle que les images ne valent que par leur usage, une photographie d’identité pouvant finir dans le meuble de la caravane ou conduire à un camp de concentration. Elle dit aussi que les Roms ont survécu aux représentations archétypales que leur ont imposées nos sociétés et que leurs voix, plurielles, ne se sont pas éteintes.
LE COMMISSAIRE : Ricardo Vazquez,conservateur en chef du patrimoine, est directeur de l’Hôtel des Arts, centre d’art du Département du Var. Il a mis en place de nombreuses expositions, notamment de photographie avec des artistes comme Stéphane Couturier, Jacqueline Salmon ou Bernard Plossu. Il collabore avec des institutions et festivals tels que la Maison Européenne de la Photographie, la Fondation des Treilles, PhotoEspaña, Photomed et les Rencontres de la Photographie d’Arles.