Sur cette chanson seventies à la musique sautillante, la voix de Serge Gainsbourg est couverte par les onomatopées sexy de Brigitte Bardot. Moins torrides que dans "Je t’aime moi non plus", mais plus suggestives que dans d’autres titres du dandy déglingué et gentiment provocateur.
C’est par cette vidéo en noir et blanc que nous sommes accueillis au MAMAC à l’entrée de l’expo "Les amazones du pop". Une mise en ambiance immédiate, qui nous replonge dans des années que les moins de soixante ans n’ont pas pu connaître, mais qui apparaît d’emblée plus légère, plus ludique, plus transgressive que notre époque actuelle.
Souffle libertaire
Pas de nostalgie à deux francs six sous, parce que ce moment "pompidolien" n’était pas meilleur que ce début de siècle. Il avait ses propres problèmes, qui n’étaient pas minces : la guerre au Vietnam, l’apartheid en Afrique du sud, la ségrégation entre blancs et noirs en Amérique (qui n’a toujours pas dit son dernier mot), le début du terrorisme international...
Pourtant, il se dégage des œuvres présentées dans le musée niçois un souffle de liberté, de couleurs gaies, de transgressions de cette société que peu de monde à "l’ouest" ne remettait en cause. Les idées aussi larges que les pantalons "pattes d’eph", aussi longues que les cheveux. Dans l’élan du swinging London, de Kubrick, des Doors, les conventions étaient bousculées. Il suffisait que Polnareff montre ses fesses sur une affiche, que les Stones frôlent les limites du bon goût pour la pochette de leur dernier 33 tours pour que la bonne société s’horrifie de cette jeunesse impertinente, insolente mais aussi bourrée de talent. On a vu tellement "pire" depuis, mais pas avec ce souffle libertaire qui faisait croire que nous irions forcément vers toujours plus d’audaces, de barrières abolies. Un esprit "Woodstock" et "Peace and love" qui a fait long feu, au grand dam des 68tards devenus bedonnants, osons le dire embourgeoisés.
A la façon d’un Andy Wharol, les objets usuels sont détournés pour devenir œuvre. On les retrouve représentés sur les cimaises du Mamac. On y croise aussi des vidéos de France Gall, de la jeune et superbe Dany à la voix déjà androgyne. Et des néons multicolores, signature de cette époque.
Tout cela est frais, cela fait du bien. On se prend à rêver d’un "retour vers le futur".