"Est-ce ainsi que les hommes vivent ?" ne nécessite d’autres réponses que... la visite de cette exposition.
On ira les chercher à la Fondation Maeght, qui a trouvé le moyen de réunir un ensemble d’une centaine d’œuvres de cinquante-quatre artistes majeurs, en tout cas utiles à la vie.
Les uns vivant parfois un peu moins bien que les autres, les artistes s’en tirent en exprimant les contradictions, les espérances et les combats de tout un chacun. La condition humaine étant traduite de manière fort émouvante dans des dessins "campagnards" à la Millet, dans une série tracée au crayon et à l’aquarelle de Julio Gonzalez encore jamais montrée.
Cet accrochage conduira le visiteur dans une forêt thématique qui renferme des questions pas toujours apaisées, plus souvent délirantes, hystériques et désordonnées sur des regards, des situations de corps, des territoires, de la fête, des jeux et du théâtre amoureux, des acteurs des villes et des campagnes, des rêves, des fureurs et des tremblement.
Tout cela se referme sur un beau moment de silence et de solitude à travers les œuvres de Giacometti dans la salle du même nom.
Cette exposition ne maintient pas esclave du préjugé de la nature sérieuse des artistes.
On rendra justice à Arroyo et à Erik Deetman pour leur sens de l’humour et de l’ironie, également présents dans la série "Les Croûtes "de Gasiorowski, et chez Calder, avec son irréfragable esprit d’enfance. On les prendra comme on voudra, mais les gueules "dégoulinantes" de ce dernier peuvent faire rire aussi. Folon et Steinberg placent l’homme tout petit dans des espaces au cœur de situations problématiques.
Il y a dans cette expo davantage de peintures que de sculptures, des formats modestes (Alechinsky) auxquels répondent des œuvres d’art singulier d’artistes bien vivants, comme les merveilleux dessins d’Anne Tréal.
La jeune génération est elle aussi représentée, notamment avec Djamel Tatah ; l’une de ses figures de proue les plus convaincantes.