« Chez Franck Saïssi, sous le déchaînement des lignes et des couleurs que l’on pouvait imaginer, on capte d’abord l’attitude picturale, celle qui équilibre les formes, assied les proportions, stabilise les fulgurances, affine les exagérations voulues...
Une sagesse s’impose, elle organise la pièce peinte ou dessinée et, loin de limiter la frénésie apparente, la renforce en lui accordant sa présence. Ainsi évoluent sous le contrôle de l’artiste la sensibilité de son envolée et le respect de l’art de peindre. Saïssi appartient à l’expression figurative. Des nus, des portraits, des paysages sont visibles et se prétendent tels. La modernité efface bien entendu le détail inutile, la soumission au vérisme ou l’éclat factice. Le clin d’oeil complice au contemplateur est banni comme l’agrément de la facilité.
Il faut au contraire, pour pénétrer cet univers, admettre sa violence volontaire, les grandes lignes de ses lancées schématiques, ses contrastes, voire ses déchirures. (...)
Avec lui, l’art devient l’assassin de la pensée tranquille, endormie, comateuse. Les courbes lentes démentent les scansions des chocs de la vie, c’est ainsi que Franck Saïssi navigue entre le jour et la nuit, entre le cri du noir et la vie du jour. »
Sources : Texte de Michel Gaudet, bio par Georges Fawcett