Parisien ayant ses racines dans le Piémont, explorateur perpétuel, il est reconnu depuis 1975 en France et à l’étranger. Lauréat du Vienna International Photo Awards en 2012, ses œuvres sont présentes dans les collections permanentes de la Maison Européenne de la photographie, à la Bibliothèque nationale de France et dans de nombreuses collections privées.
Peuple spirituel et bienveillant
Géant au doux sourire, il conservera toujours une sorte de pudeur largement compensée par ce que racontent ses photos. Il passe rapidement sur "les conditions difficiles" de ses aventures vécues aux quatre saisons à 5 000 mètres d’altitude, en partageant la vie des autochtones, des nomades, en pénétrant dans les temples pour photographier moines, nonnes et jeunes novices en train de jouer et de rire avec lui. Juste pour nous montrer un Tibet intime, à la fois attirant et déroutant.
Les livres d’Alexandra David-Neel ont été le déclencheur de son attirance pour le Toit du monde. Depuis, les changement opérés sont perceptibles. La modernité s’approche doucement et Jacques Borgetto peut trouver amusant de nous en montrer les premiers symptômes. Mais ce n’est pas parce qu’un petit génie local est capable de fabriquer un panneau solaire surmonté d’une bouilloire que les maisons et les yourtes sont mieux chauffées et plus confortables qu’autrefois...
Et nous, spectateurs plus ou moins sédentaires, apprendrons un peu de ce peuple spirituel et bienveillant : "je n’ai pas voulu donner un aspect documentaire à cette exposition, je veux laisser à chacun la possibilité de faire son propre voyage". Il suivra donc ses impulsions et cadrera serré les visages sereins des tibétains. "Ce sont des photos frontales qui ne me permettent pas de me dissimuler".
On cherchera pourquoi un journaliste parisien le qualifie de "Baudelaire de l’image". On essaiera de comprendre pourquoi le photographe conserve une préférence pour le noir et blanc qui donne à ses clichés un petit côté vintage. Les tirages exécutés en impression d’encres carbone aux pigments de charbon sont nettement plus nombreux que les photos en couleurs. À la fois nuancés et contrastés, ils donnent l’impression de traduire une puissante et intemporelle réalité, dans la dimension d’un décor d’opéra où se déroulerait la tragédie cachée d’un monde en train de s’effacer lentement sous les contraintes. Jacques Borgetto semble venir peu à peu à la couleur, elle rend justice à la douceur apparente des paysages, sous ces durs climats.