Le Mur de Rivesaltes (2015)
Mathieu Pernot a prélevé des fragments de murs d’anciennes baraques de populations, victimes de guerre, dans un camp situé dans les Pyrénées Orientales.
Lors du vernissage de l’exposition, il explique vouloir faire converser ces pierres avec Picasso et la chapelle. En effet, la mémoire des populations exilées est à la fois présente chez Mathieu Pernot, au travers de ce mur mi-dressé, mi-effondré (comme les hommes qui cherchent à le franchir…), et chez Picasso qui évoque « La Guerre et la Paix » dans son œuvre qui fait partie intégrante de la chapelle.
D’une actualité criante, avec l’arrivée de réfugiés, notamment syriens, de plus en plus nombreux, cette œuvre émeut également par sa confrontation avec les autres photographies de Mathieu Pernot présentes dans la chapelle, les fameux « Hurleurs ».
Les Hurleurs (2001-2004)
Il s’agit encore un mur, celui entre des personnes cherchant à communiquer avec leurs proches en prison. Mathieu Pernot s’interroge : « Le cri des hurleurs a-t-il fait tomber les murs, qui n’apparaissent pas sur ces photos ? ». Il ajoute : « J’aime l’idée que dans la vie, on peut refuser l’ordre établi et à force de se révolter, il y a des choses qui finissent par tomber d’elles même. »
La détresse se lit sur les visages des Hurleurs, comme si leurs proches ne les entendaient pas. Plus qu’un cri de rage, c’est la force du désespoir qu’on y entend.
Mais qui sait, peut-être que les barrières s’avèreront franchissables ?
Sans titre, Paris (2009)
La photographie du « dormeur » prend aujourd’hui une figure symbolique, à l’heure de l’accueil ou non des réfugiés, voire de la construction de murs.
Il a l’air paisible, ce « Dormeur du Val »… Mais comme dans le célèbre poème de Rimbaud, l’issue est peut-être fatale. Un moment de répit, un instant de liberté, entre deux frontières.
Le dormeur dégage une apparence calme, dans une parenthèse enchantée et, comme le met en relief Mathieu Pernot, il n’entend pas les Hurleurs. Gare au réveil…
Mathieu Pernot réalise un travail particulièrement émouvant en ces périodes mouvantes, tant par les arrivées de réfugiés, que par les revirements politiques. Le décalage avec le lieu de l’exposition, une chapelle d’architecture romane assez classique, est particulièrement surprenant et réussi.