Avouons que cet intitulé a titillé notre curiosité avec son petit parfum de scandale. En l’occurence, le mâle est sans nul doute Anatole Jakovsky représenté posant derrière quatre pots de fleurs, peint de manière schématisée sur fond noir par Eva Lallement.
Anatole, créateur du musée, Anatole portraituré sur toutes les coutures et dans une infinie variété de poses et de situations, par un nombre presque tout aussi infini d’artistes.
Le rez-de-chaussée du musée lui est consacré. à la fois cabinet de curiosités, dispositif immersif qui nous dévoile l’intérieur de sa maison, son ameublement et des objets d’art populaire, et par conséquent l’intérieur de son âme de collectionneur et d’écrivain. Arrêt un instant devant une collection d’art postal, une exposition initiée par Robert Roux, de petites œuvres dont on peut admirer quelques beaux exemplaires.
Les messages intimes des fleurs
Le premier étage dévoile un autre aspect de la vocation trop restrictive qu’impose le nom désormais figé dans le temps de "Musée d’Art Naïf"… Il nous amène en fait vers des considérations sur les différentes significations que ce mot recouvre, ses prolongations vers les arts bruts et singuliers. Il existe beaucoup de littérature là-dessus, de Sérafine de Senlis connue du grand public grâce au film de Martin Provost, au Douanier Rousseau. Prenant le thème de la fleur, ou du paysage, le musée Anatole Jakovsky, fait le grand écart sur l’art contemporain, grâce à la diligence de la commissaire d’exposition Élodie Antoine. Si les vingt-trois artistes s’attachent à plonger le visiteur dans le ravissement de paysages floraux, ce n’est pas sans arrière-pensées. "Ces fleurs associées au bucolique, au décoratif et au désir, volontiers rangées du côté des choses silencieuses, voire muettes, peuvent par moment devenir bavardes".
Photos, peintures, dessins, céramiques, installations : la fleur, pour peu qu’elle soit séductrice et artificielle, est porteuse de messages. à nous de les déchiffrer, d’aller de surprise en surprise. Une belle exposition, assurément, dans laquelle on prendra plaisir à venir butiner.
Jusqu’au 19 septembre.