De l’œuvre de Christo et de sa femme Jeanne-Claude, on connaît surtout les emballages démesurés réalisés dans l’espace public : Running Fence en 1976, un rideau safran de quatorze mille mètres carrés dans le Colorado, les Onze îles encerclées d’une ceinture rose fuchsia (60 hectares de tissus) dans la baie de Biscayne à Miamilo en 1983, L’emballage du du Pont Neuf en 1985 (40 milles mètres carrés et 13 milles mètres de cordes), celui du Reichstag dans un tissu argenté, les 1340 Parasols bleus plantés à Ibaraki, au Japon et les 1760 Parasols jaunes en Californie (1991),The Gates, un parcours de 37 kilomètres tendus d’un rideau de tissu vinyle de couleur orange-safran à travers Central Park à New York (en 2005), et Floating Piers au lac d’Iseo en 2016.
Le baril de pétrole ou le bidon, un matériau peu cher, est l’unité de base de l’installation.
Coloré et inserré sur une importante structure, il nécessite comme tous les travaux des Christo une importante mise en œuvre avec des équipes de techniciens, d’ingénieurs, de plongeurs, la création de nouveaux outils ou de pièces spéciales, etc., faisant appel à des compétences dans de nombreux domaines, à une réflexion collective, une dynamique liée à une esthétique relationnelle, et à des centaines de participants pour le montage de chaque œuvre
Ce travail avec les bidons des deux artistes est très ancien. Il constitue même un de leurs premiers travaux. Réfugiés d’un pays communiste (la Bulgarie), révoltés par la construction du mur de Berlin en août 1961, ils barrent la petite rue Visconti à Paris d’un mur de barils de pétrole. Avant cela, dans leurs premiers travaux, des bidons emballés posés l’un sur l’autre ont l’apparence de bonhommes.
Toutes leurs installations sont éphémères et démontées après. Elles ne sont pas achetables et ne vivent que dans l’urgence d’être vues sur un temps très court (quelques mois maximum).
Elles seront immortalisées par les millions de photos que prennent les visiteurs, montrant l’énorme succès de fréquentation et l’intérêt porté par le grand public à ses œuvres.
Si tout est dessiné avant, chaque projet a une histoire singulière, des difficultés particulières et nécessite pour chaque étape des solutions ingénieuses.
Comme toutes leurs œuvres (trente sept projets réalisés), Le London Mastaba est entièrement financée par les dessins préparatoires de l’artiste, affirmant ainsi sa liberté totale de création.
L’exposition de la Fondation Linda et Guy Pieters est très riche. Elle comprend les superbes dessins de projets, de leur technique de montage architectural et de perspectives sur le lac.
On y voit aussi de belles et émouvantes photos du couple sur fond de désert (Jeanne-Claude est décédée en 2009) car la plus gigantesque des installations est en préparation depuis 1977 : une mastaba monumentale dans le désert de 150 mètres de haut (plus haute que les pyramides), composée de plus de quatre cents mille barils de pétrole.
La fondation Linda et Guy Pieters au cœur de Saint Tropez enrichit d’une nouvelle couleur le petit village.
Alain Amiel