Leur amour de l’arrière-pays et des randonnées en montagne les a menés dans le Mercantour face à un petit lac, à l’abri d’une falaise et du vent, dont l’atmosphère qui se dégageait les a inspirés. « L’eau de ce lac, tel un miroir, réfléchissait le ciel. Dans le même temps, la limpidité de son eau laissait passer le regard au travers, inspirant ainsi un véritable travail de réflexion et de réfraction », explique Jacques Renoir. Il n’en a pas fallu plus pour que de ce cinéaste et photographe y voit une façon de « porter le regard au-delà du regard ».
Dans son approche personnelle du paysage, il relie la photographie à d’autres disciplines artistiques.
« Ma démarche consiste à chercher l’inspiration que me fournit la nature et apporter une démarche de plasticien. Pendant des années, je n’ai pas pu faire des photographies de paysage, je trouvais que l’on tombait un peu dans la carte postale, le cliché flatteur en couleurs. Je me suis alors questionné sur ce qui constituait l’essence même d’un paysage, soit un assemblage de matériaux divers, du bois, de la pierre, de la terre, de l’eau… Autant d’éléments différents disposés de façon totalement aléatoires. J’ai voulu dans mon travail revenir aux sources et aborder le matériau même, qui compose ce paysage. Le cadrage change également : on est habitué à observer un paysage de façon horizontale, alors qu’en montage, la ligne d’horizon que l’on ne voit pas est verticale. J’ai donc commencé à faire toutes mes photos à la verticale. On oublie souvent aussi une chose, c’est que l’on marche sur le paysage, on y est intégré », complète-t-il.
L’ensemble de cette démarche ressort dans cette série photographique, couplée à l’approche poétique de la philosophe Claude Montserrat, qui en écrit « l’intime et métaphysique contemplation ».
Ses poèmes peuvent ainsi se lire de deux manières, « soit en regard des photos, soit en continuité, tous les poèmes n’en formant qu’un seul. Ils traduisent l’arrivée des nuages jusqu’à l’orage et la transposition de cette durée sur le plan existentiel », résume-t-elle.
Cette exposition vous fera prendre le temps de la contemplation, de l’évasion et de l’apaisement : n’hésitez pas à venir échanger avec leurs auteurs au détour d’une balade sur le port de Nice…