LA POINTE DE QUINSON, UN OUTIL PRÉHISTORIQUE D’ICI ET D’AILLEURS
Pendant plus de deux millions d’années, la fabrication d’outils en pierre a été un élément fondamental des sociétés humaines. Le silex en est l’objet significatif. Tout au long de la Préhistoire, c’est la roche de prédilection des hommes pour fabriquer leurs outils, en raison de ses qualités physiques (dureté, tranchant). Cependant bien d’autres roches ont été aussi utilisées par nos ancêtres. C’est ce qu’on appelle l’industrie lithique qui désigne l’ensemble des objets en pierre transformés intentionnellement par la main de l’Homme. Il en existe plusieurs types selon les périodes et l’évolution des techniques utilisées. Parmi ces objets, on trouve par exemple : le chopper (galet à bord tranchant) qui est le plus simple à fabriquer, le racloir, le biface, le burin ou encore la pointe, tous classifiés par les scientifiques selon une nomenclature particulière.
Or il y a plus de 60 ans dans les Alpes de Haute-Provence, les archéologues ont identifié pour la première fois un outil préhistorique totalement inconnu : la pointe de Quinson.
Cet outil bien particulier a été découvert pour la première fois en 1947 dans la célèbre grotte de la Baume Bonne à Quinson. Il s’agit d’un outil en forme de pointe dont une seule face a été retouchée par les hommes préhistoriques. Ces derniers s’en servaient pour des usages divers à l’époque du Paléolithique inférieur il y a plus de 300 000 ans.
Jusque-là peu visibles du grand public (seuls 6 exemplaires sont exposés dans l’exposition permanente), le musée de Préhistoire des gorges du Verdon les dévoile enfin aux visiteurs dans leur intégralité : soit une collection exceptionnelle de 145 pointes de Quinson originales.
Comment les hommes préhistoriques ont-ils conçu cet outil ? À quoi servait-il ?
L’exposition La pointe de Quinson, un outil préhistorique d’ici et d’ailleurs propose, à la lumière des dernières recherches scientifiques, de retracer l’histoire de cet outil très rare et mal connu retrouvé dans la grotte de la Baume Bonne à Quinson.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’objet s’appelle pointe de Quinson même si d’autres pointes du même type ont été retrouvées en Europe, au Moyen-Orient et même de Chine.
POURQUOI UNE EXPOSITION SUR LA POINTE DE QUINSON ?
Le musée de Préhistoire des gorges du Verdon expose pour la première fois sa collection unique de pointes de Quinson. Cet outil particulier a été taillé par nos ancêtres il y a plus de 300 000 ans à l’époque dite du Paléolithique inférieur.
La grotte de la Baume Bonne : un témoignage inestimable qui raconte 400 000 ans de la vie des hommes
Classé Monument historique, le site de la Baume Bonne situé à Quinson dans le s Alpes de Haute-Provence témoigne de la présence continue de groupes humains dans le Verdon depuis plus de 400 000 ans. En cela, il constitue un site majeur de la Préhistoire européenne qui nous raconte l’évolution des modes de vie de nos ancêtres
Ce vaste abri perché à 50 mètres au-dessus du Verdon, constituait un habitat
idéal pour nos ancêtres car il était très ensoleillé et protégé du vent. Dans cette grotte, les hommes et femmes préhistoriques ont laissé des empierrements de galets de grès qui structuraient l’espace mais aussi des milliers de silex taillés
Si aucun ossement humain n’a été retrouvé, les archéologues ont découvert des restes d’animaux tels que des chevaux et des chamois, ainsi qu’un vieil ours probablement mort durant l’hibernation. La collection de la grotte de la Baume Bonne est inestimable puisqu’elle rassemble à elle seule plus de 93 000 objets archéologiques
Un objet archéologique exceptionnel : la pointe de Quinson
Dans les niveaux de la grotte livrant des objets archéologiques du Paléolithique inférieur et du Paléolithique moyen, un type d’outil particulier a été signalé en 1947 lors des premières fouilles : la pointe de Quinson
Ainsi, 145 pointes de ce type ont été dénombrées parmi les 56 000 objets en pierre taillée du Paléolithique inférieur et moyen retrouvés dans la Baume Bonne.
Cet outil en pierre ne correspondait à aucun type décrit jusqu’alors par les préhistoriens.
Taillée principalement dans des roches siliceuses disponibles à proximité de la grotte de la Baume Bonne, la pointe de Quinson est un outil dont la pointe est constituée de trois facettes (pointe trièdrique), dont seule la face inférieure a été retouchée pour la mettre en forme et parfois pour amincir l’ensemble de la pièce. Son façonnage ne répond pas à un modèle technique préétabli et ne s’inscrit pas dans une chaîne opératoire spécifique. Nos ancêtres adaptaient leur manière de faire à ce qu’ils avaient à leur disposition pour répondre à l’objectif d’obtenir une pointe qui soit avant tout solide. Mais leurs méthodes étaient peu diversifiées.
LA SCENOGRAPHIE DE L’EXPOSITION
L’exposition La pointe de Quinson, un outil préhistorique d’ici et d’ailleurs est consacrée à la pointe de Quinson et aux fouilles archéologiques me nées pendant de longues décennies dans la grotte de la Baume Bonne à Quinson.
L’exposition La pointe de Quinson, un outil préhistorique d’ici et d’ailleurs se compose :
– d’une collection de la présentation des 145 pointes de Quinson originales issues de
la grotte de la Baume Bonne
– Cette collection est complétée par des outils de même type provenant de sites du
littoral méditerranéen :
• 11 pointes de Quinson originales prêtées par le musée d’Anthropologie préhistorique de la Principauté de Monaco ainsi que de la commune de Cesseras dans l’Hérault
• 3 pointes de Quinson originales du musée d’archéologie de Nice - site de Terra Amata
– de 6 panneaux didactiques
Fil conducteur de l’exposition, ces panneaux expliquent aux visiteurs l’histoire de la
pointe de Quinson, ses différentes techniques de façonnage mais aussi le type de pierre utilisée pour la façonner. Elle raconte également l’histoire des fouilles menées dans la grotte de la Baume Bonne ainsi que dans les autres sites archéologiques où les chercheurs ont découvert des pointes de Quinson.
Le catalogue de l’exposition
La pointe de Quinson, un outil préhistorique d’ici et d’ailleurs est en vente à la boutique du musée et sur le site Internet
www.museeprehistoire.com
. Édité par le Département des Alpes de Haute-Provence, il a été écrit par Claire Gaillard et Olivier Notter, conseillers scientifiques de l’exposition avec la collaboration d’Isabelle Dubset, attachée de conservation au musée de Préhistoire des gorges du Verdon. 100 pages - 12 €
UNE EXPOSITION ARCHÉOLOGIQUE INÉDITE
C’est la première fois que le musée de Préhistoire des gorges du Verdon expose l’ensemble de sa collection de pointes de Quinson.
Il s’agit d’une exposition exceptionnelle d’un point de vue archéologique car le nombre de pointes de Quinson retrouvées en France et sur d’autres continents est faible, d’autant plus que ce type d’outil est mal connu et peu étudié.
Le site archéologique de la grotte de la Baume Bonne fait donc référence en la matière car c’est le lieu où a été découvert et défini pour la première fois ce type d’outil. Et c’est d’ailleurs là que les préhistoriens ont découvert l’une des plus grandes collections au monde de pointes de Quinson (145 objets au total).
La majeure partie des autres pointes de Quinson a été exhumée dans des sites du sud de la France, de l’Italie et de l’Espagne et plus sporadiquement au Proche-Orient en Asie centrale et en Asie de l’Est. En revanche, aucune trace de cet outil n’a été identifiée en Afrique, en Amérique ou en Océanie.