C’est Henri Cosquer, plongeur de métier, explorateur de fonds sous-marins qui a découvert cette belle grotte blanche.
Il y fait plusieurs visites d’apercevoir une main (négative) peinte. Il pense alors qu’elle aurait été taguée récemment, mais son exploration systématique à la lueur de sa torche lui fait voir qu’elle n’est pas isolée et que d’autres mains (dont certaines aux phalanges manquantes), ainsi que de nombreux dessins et gravures sont inscrits sur les parois.
Un nouveau trésor de l’humanité venait d’être découvert : une grande et belle grotte blanche et jaune où nos ancêtres ont vécu depuis plusieurs dizaines de milliers d’années.
Avec des amis, pendant plus de six ans, Henri Cosquer l’explore, mais ça commence à se savoir et de plus en plus de plongeurs veulent la voir. À tel point qu’un accident arrive : trois plongeurs meurent noyés dans le siphon.
Henri Cosquer est alors obligé de déclarer sa découverte (en 1991) - il aurait pu et dû le faire avant, mais il ne voulait pas dévoiler « son coin de champignon (!) », comme il l’a dit.
Enfin, les archéologues et les préhistoriens entrent en lice.
La grotte est fermée au public et des recherches approfondies vont révéler l’importance de cette découverte.
Grâce aux chercheurs, on sait aujourd’hui que la grotte a été occupée pendant environ plus de dix mille ans (entre 27 000 et 19 000 ans avant notre ère) et comporte sur ses parois plus de 200 figures correspondant à deux grandes périodes d’occupation. Les homosapiens, notre espèce, l’ont occupé avant que la mer qui était à plus de cent mètres de la grotte, ne remonte. Peut-être existe-t-il d’autres grottes à découvrir ?
Cette grotte surplombait alors une grande surface plane où vivait nombre d’animMettre en grasaux maintenant disparus mais dont les dessins ont perduré.
De la phase d’occupation la plus ancienne (-27 000 ans) sont visibles des mains négatives noires (charbon) et rouges (ocres) obtenues en soufflant un colorant dilué sur la main appliquée au rocher). Ces tracés de doigts sont parmi les plus anciens connus à ce jour.
On y voit également des animaux marins : poissons, phoques, grands pingouins (qui ont disparu), des cétacés, etc., ainsi que des symboles sexuels : pénis, vagins, en petit nombre. D’autres tracés sont moins compréhensibles : un homme blessé par une flèche (?) et de nombreux signes difficiles à analyser… Au total, près de deux cents traces faites par l’homme, la femme ou l’enfant homosapiens.
On sait pourtant que nos ancêtres n’y vivaient pas puisqu’il n’existe pas de traces de repas, d’ossements, d’outils, d’activités quotidiennes. Ils avaient l’habitude d’habiter plutôt l’entrée des grottes sous des roches abritantes pour se protéger de la pluie ou de la neige.
Alors pourquoi s’enfonçaient-ils si loin en famille (puisqu’il semble qu’on ait des traces faits par des femmes et des enfants ?). Quelle était la nécessité de ces représentations : les mains sont-elles des symboles d’appropriation, les phalanges manquantes ont-elles un sens ? (certaines tribus primitives pour chasser en silence ont élaboré un langage de signes avec les doigts).
On peut aussi se demander également pourquoi ces animaux sont représentés et pas d’autres ? La grotte était-elle un sanctuaire (à l’exemple des temples). Ces symboles sont-ils apotropaïques (pour se protéger du mauvais sort ?), etc.
Les dizaines de milliers d’années qui séparent leur culture de la nôtre rendent la compréhension difficile, voire impossible, ce qui ne nous empêche pas d’essayer d’en trouver le sens - ce sont des hommes comme nous.
En tous cas, la visite de cette reconstitution est agréable.
Équipés d’écouteurs qui nous renseignent sur la grotte et les traces humaines, on est assis (par 6) dans des voiturettes qui nous baladent en tournant sur elles-mêmes pour nous rapprocher des espaces intéressants éclairés au fur et à mesure. Les grottes aux tons blanc laiteux, jaune et ocre, les stalactites et les stalagmites, les concrétions en forme de lustre, offrent de très belles vues (on ne peut pas photographier).
Après la visite, une salle vidéo est consacrée à la réalisation et à la fabrication de ces décors. On y voit les sculpteurs et les peintres au travail. Dans une salle de cinéma attenante est projeté un film retraçant l’histoire de la découverte, puis pour finir, à l’étage, des répliques à taille réelle des animaux vus dans la grotte : un bison impressionnant par sa taille, un auroch, les pingouins, une femme, etc.
En tout, une plongée de deux heures dans l’univers de nos ancêtres, probablement bien moins stressant que le nôtre.
Grotte Cosquer - Esplanade du MUCEM
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