Jouant avec une séduction visuelle assumée mais où l’humour vient subtilement troubler une première vision purement décorative ou trop immédiate, les installations de Boris Raux, qui peuvent atteindre à la monumentalité, offrent au spectateur une expérience olfactive que l’on peut qualifier de totale.
Tous les sens sont convoqués pour que le visiteur participe physiquement à l’exploration de ses propres odeurs naturelles mais aussi artificielles.
Pour Boris Raux, si l’odeur est un marqueur individuel et personnel, c’est aussi un phénomène de société.
Son univers, centré sur l’odorat est celui d’un humaniste. Et, par un jeu d’accumulation, de répétition d’objets courants liés au nettoyage, à la propreté, il organise, avec une efficacité curieuse, au milieu de la banalité et de l’ordre, avec, notamment, une abondance récurrente d’objets « ready made », un chaos final, une individualisation par les odeurs remettant sérieusement en question des poncifs de notre société de consommation.
Cette exposition consacrée à la création contemporaine est une première qui s’inscrit dans la démarche entamée par le Musée International de la Parfumerie dès sa réouverture en 2008 par la constitution d’une collection ambitieuse d’œuvres contemporaines, avec notamment Jean-Michel Othoniel et Gérard Collin-Thiébaut.
Je suis donc très heureux, pour ma première exposition depuis mon arrivée en octobre, de pouvoir proposer, cet hiver, le travail de l’artiste plasticien Boris Raux qui élabore, à partir de l’odorat, une œuvre plastique faisant appel à tous nos sens pour une réflexion sur notre individualité et sa position fragile dans notre société.
Olivier Quiquempois
Conservateur du patrimoine, Directeur des Musées de Grasse