L’année 2014 marque un tournant essentiel pour la Collection Lambert en Avignon.
En effet, afin d’accueillir dans un écrin d’exception l’importante donation de 556 œuvres d’art contemporain d’Yvon Lambert à l’Etat français, la Collection Lambert doit fermer ses portes au public jusqu’à l’été 2015 pour des travaux d’extension.
L’équipe du musée a décidé de faire de cette période de fermeture imposée un moment crucial dans la vie de la Collection Lambert, un moment conjuguant art contemporain, mise en valeur du patrimoine et travail de mémoire.
Ainsi est né « La disparition des lucioles », projet ambitieux qui aura lieu dans la prison Sainte-Anne.
Lieux patrimonial emblématique de la ville, située derrière le Palais des Papes, cette prison maintenant désaffectée depuis 10 ans fut une des rares construites à la fin du XVIIIe siècle à des fins uniquement carcérales. La Collection Lambert en investira les cellules, les couloirs et certaines cours avec des œuvres de la prestigieuse collection privée d’Enea Righi, auxquelles s’ajouteront des prêts de grandes collections publiques et privées. Le titre emprunte à ce célèbre texte que Pasolini publia en 1975 dans le Corriere et qui imprégnera le cheminement du visiteur de part en part, si bien que l’exposition se vivra comme une expérience sensible dans laquelle les lieux si chargés de mémoire et les œuvres se combineront de manière que survivent ces lucioles chères au cinéaste Italien.
Il y sera question d’enfermement bien sûr, mais aussi du temps qui passe, de la solitude et de l’amour. Pour que le dialogue attendu entre les œuvres et le bâtiment soit fort, producteur de sens, le parti pris a été de laisser en l’état la Prison Sainte-Anne. Exposée dans sa cellule, chaque œuvre deviendra ainsi luciole, élément poétique à la douce lumière résistante, offrant au spectateur la possibilité d’un nouveau champ d’expérimentation.