17 artistes qui suivent le fil rouge proposé cette année « Média-terra » (la mer entre deux terres), 17 oeuvres mises à nu comme autant de matière(s) à penser le monde et raconter une vision de notre époque.
Vincent Barré
Né à Vierzon en 1948. Vit et travaille à Paris, en Normandie et dans le Loiret.
La sculpture de Vincent Barré s’exprime en un large champ de formes allant de l’abstrait au presque narratif. Dans des thèmes qui empruntent souvent aux mythes, à l’histoire de l’art occidental, ses formes sont porteuses d’images, de sens, de symboles qu’il s’applique à communiquer par des œuvres ayant une forte présence dans l’espace. Sa recherche s’est traduite,
selon les circonstances, dans des matériaux et des techniques contrastées : bois, acier, verre, fonte de fer, fonte d’aluminium, bronze à la cire perdue. Les deux sculptures présentées à Saint-Paul de-Vence, sont réalisées en fonte d’aluminium, à partir de modèles perdus découpés dans le
polystyrène selon une technique qu’il ne cesse de mettre en œuvre depuis 1999, dans un registre de plus en plus minimal et épuré : Colonne 3/4 (2010), à trois faces et quatre éléments empilés évoque une architecture dont ne subsisterait qu’un fragment, et Deux anneaux cannelés (2009), larges pièces gigognes découpées dans le même bloc, posées au sol, comme
les pièces d’une improbable mécanique.
Jan Fabre
Jan Fabre est né le 14 décembre 1958 à Anvers en Belgique, où il vit et travaille.
Jan Fabre est plasticien, artiste de la scène, auteur. Son travail lie une mythologie personnelle, avec ses propres règles, ses lois, ses symboles et ses personnages, comme le « guerrier de la beauté / le chevalier du désespoir », avec l’histoire du monde et des arts. Il se décline en une très large gamme de matériaux, considérés pour leurs propriétés, tant physiques que symboliques. Il peint avec son propre sang à l’aube de sa carrière, réalise des pièces au bic, ou bien emploie des insectes et leurs carapaces – influencé par le travail de l’entomologiste Jean-Henri Fabre (1823-1915) – notamment pour le revêtement du plafond de la salle des Glaces du palais royal de Bruxelles, Heaven of Delight (2002) inauguré en octobre 2002 qu’il a recouvert des élytres de 1,4 million d’élytres de scarabées-bijou. Il réalise aussi des sculptures en os, en verre de Murano, avec des animaux empaillés, en marbre. La métamorphose constitue l’un des concepts clés traversant la pensée et l’œuvre de Fabre, où le monde animal est constamment en interaction avec le genre humain et ses représentations. L’Homme qui porte la croix (2014) est une sculpture en bronze représentant un homme faisant tenir une croix en équilibre dans le creux de sa main. « Croyons-nous en Dieu, ou ne croyons-nous pas ? La croix qui tient en équilibre sur le bras de l’homme cristallise cette question », avait déclaré l’artiste lors de l’installation permanente de l’œuvre dans la cathédrale d’Anvers. L’équilibre n’est jamais aussi beau qu’à son point de rupture.
Antony Gormley
Né en 1950 à Londres (Grande-Bretagne), où il vit et travaille.
Les sculptures et installations d’Antony Gormley témoignent d’une recherche
constante sur l’inscription du corps humain dans l’espace. Prenant pour sujet son propre corps, il confronte la perception intime et son inscription dans l’espace. En décrivant la posture du corps comme « la langue d’avant le langage », l’artiste invite le spectateur à projeter sur l’œuvre une infinie variété d’émotions. Le principal défi consiste à identifier le corps comme un lieu de pensées ou de sensations, plutôt qu’un objet d’idéalisation ou de représentation.
Les sculptures d’Antony Gormley se déclinent aussi à l’échelle de l’espace
environnant. Il intervient fréquemment dans l’espace public, de façon éphémère ou permanente. L’une de ses œuvres les plus emblématiques Angel of the North (1994-1998) est une silhouette ailée située à Gateshead (Angleterre) mesurant plus de 20 mètres de haut pour 50 mètres d’envergure. De 2007 à 2016, sa vaste installation Event Horizon, comprenant plus de 30 sculptures dispersées dans la ville a été successivement montrée à Londres, New York, Sao Paulo et Hong Kong.
Antony Gormley est internationalement reconnu comme l’un des sculpteurs anglais majeurs de sa génération. Il a reçu le Turner Prize en 1994 et le prix Praemium Imperiale en 2013. Son travail a récemment fait l’objet d’une exposition au Lang Museum de Shanghai (2017). The Model Room, une salle
consacrée à ses travaux de recherches est exposée à la Tate Britain (Londres) jusqu’au 16 septembre 2018. Kettle’s Yard, galerie d’art de l’université de Cambridge accueille l’exposition Antony Gormley, SUBJECT jusqu’au 27 août 2018.
Wang Keping
Né en 1949 à Pékin. Vit et travaille à Paris depuis 1984.
L’artiste chinois Wang Keping a commencé à sculpter le bois en autodidacte à la fin des années 1970, après avoir été, durant la révolution culturelle, successivement, paysan, ouvrier, puis acteur et scénariste pour la TV nationale. À la faveur du Printemps de Pékin, il participe au Mur de la
Démocratie et organise en 1979, la première exposition artistique non-officielle jamais survenue en Chine sur les grilles du Musée
des Beaux-Arts de Pékin avec le groupe d’artistes les Etoiles (Xingxing /
??). Il y accroche sa sculpture manifeste Silence, figurant un visage/masque, l’œil droit fermé et la bouche bouchée, pour exprimer le manque de liberté d’expression et la censure en place. Ainsi, le sculpteur se
plaçait en pointe de l’avant-garde artistique nationale tout en incarnant l’opposition au régime communiste post-Mao. Exilé en France dans les années 1980, il a développé une pratique très libre de la sculpture sur
bois, en regard des traditions artistiques chinoises et celles de la révolution
culturelle. En France, Wang Keping a délaissé les thèmes politiques pour leur
préférer la figuration de corps féminin, de couples enlacés, plus rarement des oiseaux. Partant de troncs tombés dans la forêt comme de branches ramenées à l’atelier, il travaille à la tronçonneuse, au chalumeau comme au ciseau de menuisier. Depuis, il réalise, en France, son pays d’accueil, une œuvre reconnue internationalement comme l’une des contributions les plus fortes et les plus originales à la sculpture contemporaine. Renaissance (2010), une sculpture en bronze, incarne toute la volupté de sa sculpture, la douceur des courbes, l’harmonie de masses lourdes allégées par leur disposition…
Arik Levy
Né en 1963 à Tel-Aviv (Israël). Vit et travaille en France depuis 1992.
Originaire d’Israël, Arik Levy s’installe en Europe après sa première participation à une exposition de groupe à Tel-Aviv en 1986. Il étudie au « Art Center Europe » en Suisse où il obtient une distinction en design industriel en 1991. « La création est un muscle incontrôlé », selon Arik Levy.
Artiste multidisciplinaire, il a occupé de nombreux champs, aussi bien artistiques qu’industriels et même urbanistiques, incluant le design, la sculpture, la photographie, la vidéo ou la scénographie (avec le Grand Théâtre de Genève, le Netherland Dance Theatre, Bat-Sheva Dance, le Finnish National Ballet…). Au cours des années, Arik Levy a créé un langage plastique de représentation de notre environnement. À travers l’exploration des codes sociaux, des sciences et des interactions entre l’espace et l’émotion, ainsi que des différentes évolutions d’une nature imaginaire, tels ses célèbres « rocks » (rochers) ou en expérimentant des jeux de reflets et visions, Levy nous révèle à travers ses œuvres à différentes échelles, les secrets de l’espace qui nous entoure en le rendant visible à travers ses sculptures.
Vincent Mauger
Né en 1976 à Rennes. Vit et travaille à Cholet.
Vincent Mauger a suivi une formation à l’École des Beaux-Arts d’Angers puis a poursuivi à Paris au sein de l’atelier de Richard Deacon. Sa sculpture a pour ambition de formaliser des « espaces mentaux », projet qu’il mène à l’aide de
matériaux ordinaires le plus souvent associés à l’idée de construction, donc de métamorphose. Les parpaings, tuyaux, tubes PVC, ou les morceaux de bois qu’il utilise sont assemblés, usinés, superposés, accrochés ou posés. Ces espaces mentaux prennent la forme « d’imageries virtuelles ou scientifiques », sortes de topographies ou de modèles 3D qu’il met en relation avec les espaces occupés, du white cube à la chapelle en passant par le jardin, sur des façades XIXe comme modernes. Ses sculptures in situ s’apparentent à des excroissances. Un jeu entre urbanisme et organisme, motif et pattern, croissance et inertie.
Tania Mouraud
Née en 1942 à Paris. Vit et travaille à Paris.
Dès la fin des années soixante, le travail de Tania Mouraud s’est inscrit dans une pratique questionnant les rapports de l’art et des liens sociaux en utilisant différents médiums : peinture, installation, photo, son, vidéo, performance, etc. Elle propose de rajouter dans nos appartements standard une chambre de méditation (1968). Elle affiche dans l’espace public sur les
panneaux 3 x 4 m son désaccord avec une société glorifiant l’avoir au dépend de l’humain (1977), elle réfléchit sur les rapports décoratifs de l’art et de la guerre, sur les limites de la perception avec l’aide de l’écriture en créant des « mots de forme » (1989). À partir de 1998, Tania Mouraud utilise la photo, la vidéo et le son dans une forte relation à la peinture pour questionner différents aspects de l’histoire et du vivant. Celle qui dit « crier
toujours, jusqu’à la fin du monde » propose une œuvre apaisée pour la Biennale. Mots Mêlés - SMAPT (2018) est une installation en plants de lavande en fleur déclinant le texte issu de l’opéra Einstein on the Beach :
« Tout doit avoir une fin Sauf Mon Amour Pour Toi »
David Nash
Né en 1945 à Esher (Angleterre). Vit et travaille à Blaenau Ffestiniog (Pays de Galle).
David Nash travaille depuis les années 1970 à Blaenau Ffestiniog, dans une ancienne chapelle qu’il a reconvertie en studio.
Sculpteur d’atelier comme d’extérieur – il travaille parfois directement en forêt –, toute sa création se conçoit comme un long dialogue avec la nature. David Nash n’incarne pas cette figure de l’artiste démiurge, insufflant la vie à la matière, plutôt celle d’un homme agissant en complète économie avec son matériau. Celui qu’il privilégie est le bois pour la diversité de ses essences et de ses propriétés : masse, densité, texture, ligne, résistance, couleur. David Nash refuse de considérer la matière qu’il emploie comme masse inerte. Ainsi, le bois lui fournit à la fois une source d’inspiration et d’étude, une
matière première et un horizon. Torso (2011) une pièce en bronze représentant un large tronc (légèrement vrillé et très nervuré) et l’origine de ses deux branches radicales coupées, joue avec les jeux d’évocation de la nature et de l’histoire de l’art. Ce faux tronc évoque effectivement les torses vrillés et expressifs de la sculpture grecque dans sa période hellénistique (peut-être une référence au Laocoon).
Jean Pierre Raynaud
Né à Courbevoie en 1939. Vit et travaille à Paris.
Ses études d’horticulture terminées, Jean Pierre Raynaud commence par réaliser des assemblages proches du Nouveau Réalisme.
Dès 1963, avec ses « psycho-objets » de couleur blanche et rouge, qui associent quelques éléments simples (jauges, échelles et pelles de secours, panneaux de signalisation ou pots à fleurs), il tente de mettre en évidence les rapports du monde mental et du monde réel. Glaciale et distante, l’œuvre de Jean Pierre Raynaud se présente comme une vision du monde, cruelle certes, mais située au-delà de l’angoisse et de la violence : l’homme en
est absent, et « rien ici », comme l’a écrit Alain Jouffroy, « n’est exprimé, mais tout est montré… ». Il y aussi l’invasion de l’espace par du carrelage blanc en céramique (ou des panneaux l’imitant), processus qu’il a radicalisé avec sa maison de La Celle-SaintCloud, achevée en 1974, et uniquement
constituée de carreaux de faïence blanc et noirs. Il a vécu vingt-quatre ans dans cet univers hyper esthétisé, clinique, avant de le détruire et d’en exposer les débris dans des containers chirurgicaux au Musée d’Art contemporain de Bordeaux. Pour la Biennale, il expose Autoportraits (1980-
1986), deux parallélépipèdes rectangles surmontés de deux carrés, tout en faïence.
Vladimir Skoda
Né à Prague en 1942. Vit et travaille à Paris.
Arrivé en France en 1968, Vladimír Skoda se forme à la faculté des lettres à Grenoble, puis aux Beaux-arts de Paris dans l’atelier de César. Versé dès ses débuts vers les formes géométriques simples (spirales, cubes, polyèdres), il accorde depuis le milieu des années 1980 une place privilégiée à celle de la sphère. Le travail de Vladimir Skoda est nourri par ses réflexions sur la
géométrie non-euclidienne et le cosmos et ses sculptures, dans leurs disposions prennent fréquemment la forme de constellations. Parfois en mouvement et en métal poli, ses sphères réfléchissent alors le monde et altèrent ses formes, elles métamorphosent l’espace dans un mouvement de balancier. D’autres fois, Vladimir Skoda joue aussi avec les aspérités
de ses sculptures et la matité des surfaces. Skoda aime les contrastes. Les dimensions de ses sculptures, atteignant parfois 3,20 mètres de hauteur et pesant jusqu’à 500 kg, peuvent être monumentales. Pourtant, on les croirait prêtes à s’élever vers le ciel. Denses et légères à la fois, elles semblent puiser dans le sol une force tellurique, une énergie qui laisse imaginer
l’instant d’après, celui où les pointes s’étirent jusqu’à aller chatouiller les nuages, où les sphères s’envolent comme des bulles de savon, ou encore cet instant où les miroirs se jouent de celui qui les regarde pour brouiller la réalité. Dans une approche métaphysique de l’art, Vladimir Skoda invite
le spectateur à expérimenter son œuvre dans un mouvement dynamique, du corps et de l’esprit. Les pointes en acier intitulées Une seule direction (2004-2009), dont une exposée pendant la Biennale, fendent l’espace et désignent les hauteurs infinies du cosmos. Elles offrent un contre-pied très « brancusien » aux sphères de Skoda, qu’il nomme Sphère de ciel – ciel de sphères, ou encore Horizon des événements.
Agnès Thurnauer
Née en 1962 à Paris. Vit et travaille à Ivry.
Bien qu’elle soit diplômée de l’École nationale des arts décoratifs en section
cinéma/vidéo, Agnès Thurnauer a poursuivi sa pratique de la peinture qu’elle a commencée enfant. Dans ses tableaux, elle lie le mot et l’image, entre plasticité typographique et concept. Une recherche sur le langage, tant sur le plan pictural que sur le plan verbal, qui n’exclut pas une portée sociale, voir féministe. Agissant sur le mode de la citation, elle a repris des peintures célèbres d’Édouard Manet ou de Piero della Francesca qu’elle tisse de mots
en lien avec l’image. L’Olympia de Manet s’étend ainsi sur un lit de synonymes du mot femme dans la langue française, du 12e au 20e siècle, passant par toutes les tonalités du langage. « Représenter une question, c’est se permettre de la regarder comme paysage », explique-t-elle. Agnès
Thurnauer a ainsi féminisé les grands noms de l’histoire de l’art (Marcelle Duchamp, Francine Picabia…), pour mettre en lumière l’absence des femmes dans l’histoire retenue par les livres, et mieux tourner la page. Elle s’est aussi emparée du principe de Robert Filliou, « Bien faite, mal faite, pas faite » pour jouer avec les canons du corps comme ceux de la peinture.
Agnès Thurnauer a récemment développé cette question du langage pictural vers la troisième dimension, en exposant des moules de lettres à différentes échelles, permettant au regard comme au corps de prendre possession de cette potentialité. Matrice (joie)-2018 s’offre aux visiteurs qui pourront y déambuler comme y prendre place, devenant eux-mêmes sculptures sur le socle du mot.
Morgane Tschiember
Née en 1976 à Brest. Vit et travaille Paris.
Matière, couleur, espace et mouvement sont, pourrait-on dire, les quatre maîtres mots du travail de Morgane Tschiember.
Questions essentielles s’il en est, presque définitionnelles des arts que l’on nomme plastiques, elles trouvent une dimension immersive dans les pièces, souvent monumentales, de la jeune française. Il y a à l’œuvre chez Morgane Tschiember, un matiérisme – loin de celui, purement pictural, défini par Tapié – pragmatiste. Nous sommes, devant ses pièces – et d’ailleurs plus souvent dedans, tant elles se donnent comme des environnements
à expérimenter – face à, et donc aussi au cœur de, la matière. Ce sont les qualités intrinsèques des matériaux auxquelles elle s’attache et qui l’inspirent. « Chez elle, c’est de l’exécution que procède toujours la conception. ». De cet empirisme, elle a fait le moteur de ses recherches mais aussi la sensation première à la réception de son travail. L’on parlerait ainsi volontiers d’un art concret « parce que rien n’est plus concret, plus réel qu’une ligne, qu’une couleur, qu’une surface » si tant de préceptes ne se
cachaient derrière ce terme.
Extrait du texte d’Aude Launay, « Morgane Tschiember, Contre-étude de la concrétude », paru dans 02 n°62.
Henk Visch
Né à Eindhoven (Pays-Bas) en 1950. Vit et travaille à Eindhoven et Berlin.
Lorsque Henk Visch se met à la sculpture, dans les années 1980, ses créations se situent dans l’esprit de ses dessins et dans l’air du temps. Son intérêt pour la figuration anthropomorphique, l’utilisation de la couleur et son choix de matériaux traditionnels comme le bois et le bronze coïncident avec le climat post-moderne de l’époque. Depuis, il alterne entre figuration et abstraction mais il a préservé cette appétence pour la figure humaine. Pour
Henk Visch, le corps n’est pas le réceptacle d’une quelconque identité de l’homme ; il vit, grandit, souffre, se marque, absorbe. Il évolue. Les figures en bronze qu’il réalise ont des poses marquées, des membres allongés ou pas de membre du tout, des positions maniéristes, voire serpentines.
C’est une sculpture expressive, malgré la sobriété du traitement des visages
généralement contemplatifs, grâce à ces positions exagérées qui incarnent
tour à tour l’affection ou l’acceptation, la souffrance ou la détresse, la curiosité…
Pour ses expositions, Henk Visch crée fréquemment de vastes dispositifs où le choix des sculptures et leurs positions ouvrent la voie à de multiples narrations. Il est aussi l’auteur d’une soixantaine de sculptures installées dans l’espace urbain.
Simon Bérard-Lecendre
Né en 1993. Vit et travaille à Nice.
Simon Bérard-Lecendre a réalisé ses études à la Villa Arson (Nice). Son travail
s’articule autour du concept et de la forme d’un jardin, simonberard.garden. Le jardin, devenant métaphore filée du travail plastique, lui permet de développer des pratiques diverses, de la peinture au dessin numérique, en passant par l’écriture, la menuiserie, à l’instar des nombreux gestes qui coopèrent dans ce type d’espace.
Ce lieu entraîne aussi son lot d’images mentales (potager, jardin d’agrément, lieu de réflexion et de mémoire) et une iconographie à travailler, arbres, légumes, fleurs... Initié par un site web, http://simonberard.garden, ce travail s’est ramifié en divers projets in situ. Des compositions murales de
dessins numériques agrandis et marouflés, agrémentés de tableautins et de meubles divers – une bibliothèque avec des prêts d’ouvrages, un bureau tiré d’une simulation 3D… Pour la Biennale, son impression sur bâche (conçue comme un étendard sur les remparts) image l’expression bien connue « scier la branche… » en empruntant une enluminure du XVIe entourée du trompe l’œil d’une marqueterie en damier.
Gabrielle Conilh de Beyssac
Née en 1986. Vit et travaille entre Pont de Barret et Paris.
Gabrielle Conilh de Beyssac grandit au Canada et au Mali, puis étudie à la Villa Arson de Nice et aux Beaux-Arts de Paris.
Son travail, majoritairement sculptural, se déploie en plusieurs horizons. Des formes simples, pures, héritées du modernisme ; des sculptures « habitables », ou encore une fusion de la sculpture et du dessin avec des dispositifs de craie de cire, avec des câbles et parfois de légères structures en
acier permettant de tracer sur les murs ou des sculptures en grès formant des sillons sur une terre chamottée. Souvent, les sculptures de Gabrielle Conilh de Beyssac sont performatives, activées par le public, permettant d’inscrire leur monstration dans l’espace qui les accueille mais aussi dans le temps, à l’instar du dispositif mural qu’elle a réalisé pour la Biennale.
Isabelle Giovacchini
Née en 1982. Vit et travaille dans la région niçoise.
Isabelle Giovacchini a fait ses études à l’École nationale supérieure de
la photographied’Arles. Sollicitant une gestuelle faite d’effacements
et recouvrements, de coupes et d’assemblages, elle expérimente à partir d’images imprégnées par la science, la narration, l’immatériel. Pour la Biennale, Isabelle Giovacchini réalise Géomancie, une sculpture de sel et de marbre posée sur une plaque de pierre. En prenant pour origine « le fait qu’en puissance, la mer Méditerranée est autant un immense lac salé qu’une chaîne montagneuse », elle a retourné ce lac imaginaire pour dresser son double en négatif.
Quentin Spohn
Né en 1984. Vit et travaille à Nice.
Le travail de Quentin Spohn s’articule autour du dessin à la pierre noire ou au graphite, à partir duquel il conçoit des paysages ou des portraits de grand
format, entre vision critique sur le monde et distorsions surréalistes. Des images narratives, dans un imaginaire naviguant entre Dado, la peinture américaine des années 30, les Bandes dessinées de Crumb et la science-fiction. Pour la Biennale, il a réactivé une installation antérieure, un radeau peuplé d’êtres anthropomorphes étranges, dans une esthétique high-tech, low life, convoquant à la fois la culture cyberpunk et le mythe d’Arcadie. L’installation sera présentée dans la Chapelle Sainte Georges et sera accompagnée d’un dessin monumental, réalisé au cours de la résidence.
Durant la Biennale, la résidence confiée à Quentin Spohn au Clos de Tantine, ancienne maison-atelier d’André Verdet, permettra la rencontre avec les jeunes scolaires, la population locale et tous les publics.