Plus largement, le musée est attentif à l’actualité artistique européenne : Barry Flanagan en 2002, Jan Fabre en 2003, Jean-Pierre Raynaud en 2006, Michelangelo Pistoletto en 2007, Jaume Plensa et Richard Long en 2008, Wim Delvoye en 2010 sont quelques-uns des artistes qui ont réalisé une exposition personnelle au musée. La monographie de Julião Sarmento s’inscrit dans cette démarche.
Né en 1948 à Lisbonne, où il vit et travaille, Julião Sarmento est l’un des principaux représentants du renouveau artistique portugais ayant suivi la chute de l’Estado Novo.
Formé aux Beaux-Arts de Lisbonne, il amorce au milieu des années 1970 une carrière internationale. Il participe à plusieurs reprises à la Documenta de Kassel (en 1982 et 1987), représente le Portugal à la 46e Biennale de Venise en 1997 et prend part à la Biennale de São Paulo en 2002. Si les plus grandes galeries (Daniel Templon à Paris, Giorgio Persano à Turin, Sean Kelly à New York) lui ont consacré une importante exposition et qu’il est présent dans les plus belles collections (Tate Modern-Londres, Centre Pompidou-Paris, Musée Reina Sofía-Madrid).
Cet événement rappelle le rôle de précurseur du MAMAC, de mettre en place les premières expositions en France d’artistes internationaux comme Robert Indiana en 1998 et Robert Longo en 2009. L’exposition Julião Sarmento revient sur l’ensemble de la démarche de l’artiste du début des années 1970 à aujourd’hui, une belle manière d’appréhender son évolution plastique et iconographique en favorisant une réelle immersion dans cet univers à la fois éminemment poétique, conceptuel et actuel. Près d’une centaine d’œuvres provenant de l’atelier et de prêteurs privés ou institutionnels sont réunies dans cette exposition.
Julião Sarmento développe une œuvre protéiforme (peinture, sculpture, dessin, vidéo, performance) qui trouve son articulation essentielle dans la réitération des mécanismes du désir.
Associant l’image au texte, il développe une iconographie personnelle dont l’égérie est une jeune femme sans visage, totalement déréalisée et vêtue d’une robe noire.
Jouant sur l’érotisme, l’excitation, les non-dits, les frustrations et les fantasmes, l’artiste bouscule le spectateur-voyeur dans ses rapports aux corps et aux images. En construisant une œuvre fragmentaire qui fonctionne par l’entrecroisement d’images violentes ou latentes et d’impressions de déjà-vus, l’œuvre de Julião Sarmento actualise dans un même temps des symboles ancrés dans notre inconscient collectif et participe d’un art de la mémoire.