Comme le souligne Michae ?l Semff(1), « si les premiers travaux de Blais peuvent de prime abord sembler tre ?s diffe ?rents de ceux de ses phases de cre ?ation ulte ?rieures, son œuvre n’en est pas moins marque ?e, jusqu’a ? ce jour, par des constantes essentielles. Du point de vue du contenu, l’attachement a ? la repre ?sentation de la figure pre ?domine et, du point de vue esthe ?tique, la tendance a ? la fragmentation et au renversement permanent des proportions se manifeste, de ?s le de ?but, par la coexistence de formats tanto ?t gigantesques, tanto ?t, comparativement, minuscules. »(2)
Investissant l’atelier comme un laboratoire, Jean Charles Blais conduit ses recherches en se laissant guider par les me ?diums et les proce ?de ?s, avec au centre de ses pre ?occupations, le corps et sa repre ?sentation, la fragmentation, le renversement, le positif et le ne ?gatif, l’absence.
En peinture, Jean Charles Blais adopte une mise en pe ?ril volontaire, re ?fute les notions d’identite ? et d’ine ?dit en s’appuyant sur un large champ re ?fe ?rentiel dans lequel se croisent, entre autres et indiffe ?remment, des ex-voto napolitains et le supre ?matisme. Au fil du temps, Jean Charles Blais a « constitue ? une collection d’images, de reproductions photographiques, une iconographie hirsute associe ?e au gou ?t [qu’il a] pour ce qu’elle de ?crit : pre ?dominance du sujet, mais aussi de ?tail d’une posture singulie ?re, attirance pour des images de ?ja ? compose ?es. Pas l’influence, non, l’observation d’un mode ?le, la copie instructive d’une complexite ? de ?ja ? dispose ?e au regard(3). »
En 1984, il de ?clarait : « Ce n’est ni la re ?flexion the ?orique, ni la de ?finition d’un discours e ?nonce ? dans l’ordre de la pense ?e critique qui suscite l’e ?volution de ma peinture. Je travaille en ayant une grande confiance dans le processus de la peinture. » Cet attachement au processus a mene ? Jean Charles Blais a ? explorer de larges champs d’expe ?rimentations : investissement de l’espace urbain (Me ?tro Assemble ?e Nationale – Paris, Universite ? Le ?onard de Vinci – La De ?fense / TRAM Alsace-Lorraine Nice), sce ?nographie pour la compagnie Re ?gine Chopinot, graphisme pour le Grand The ?a ?tre de Gene ?ve, collaboration avec Jean Nouvel ou bien encore cre ?ation d’œuvres nume ?riques... En cela, la pratique de Jean Charles Blais est « fait[e] davantage de glissements que de ruptures, d’improvisations que de programmes. »
Son œuvre posse ?de une ambigui ?te ? et une polyse ?mie complexe.
Quelle que soit sa plastique, elle revient toujours a ? la me ?me intention, celle de de ?clencher un re ?cit par l’apparition d’une forme, celle-ci pouvant e ?tre a ? peine esquisse ?e ou au contraire totalement construite. Car Jean Charles Blais aime a ? expe ?rimenter « la persistance, la re ?sistance a ? l’e ?vanouissement des formes » et pour cela, joue des limites de la figure et de la composition. Un re ?cit profond et silencieux qui repre ?sente plus qu’il ne de ?montre et dont le sens « est niche ? dans la forme, la ? ou ? il y a quelque chose a ? voir, et, pour y voir plus clair, il faut parfois s’y prendre a ? plusieurs reprises. »
Références
1 Michae ?l Semff, ancien directeur de la Staatliche Graphische Sammlung, Munich
2 In Evocation – De ?fense – Disparition, Michae ?l Semff, cat. exp. Jean Charles Blais, Muse ?e Picasso d’Antibes, 2013, p.39
3 In Trop pre ?s, trop loin, Op. Cit, p.33