Entre hommage à l’insolence et appel à la tolérance, ce week-end veut croiser les points de vue, à partir de paroles, dessins, films, sons, photographies...
Deux expositions
• Charlie Hebdo, journal irresponsable : une sélection de plus de 200 numéros originaux de Charlie Hebdo des années 70 à aujourd’hui, présentés conjointement avec des témoignages audiovisuels et photographiques sur l’histoire du journal et de ses valeurs. Un récit dans l’esprit de Charlie Hebdo, par l’éditrice Bernadette Caille.
• 1 000 affiches pour dire : réalisées par des graphistes du monde entier qui ont répondu à notre appel* du 8 janvier pour la libre expression.
Charlie Hebdo, journal irresponsable - du 30 janvier au 22 février 2015
Une sélection de plus de 200 numéros originaux de Charlie Hebdo, présentés avec des témoignages audiovisuels et photographiques sur l’histoire du journal et de ses valeurs.
Une sélection de plus de ?200 numéros originaux de Charlie Hebdo des années 70 à aujourd’hui, présentés conjointement avec des témoignages audiovisuels et photographiques sur l’histoire du journal et de ses valeurs.
Un récit dans l’esprit de Charlie Hebdo, par l’éditrice Bernadette Caille.
"Cette exposition propose aux jeunes générations de découvrir la force de l’humour des rédacteurs et dessinateurs du journal, aujourd’hui bien mise à mal. Elle est aussi une promenade dans le temps, un moment d’évasion dans notre patrimoine collectif. Enfin, elle rappelle à ses fidèles abonnés des moments de rêve partagés, des engagements politiques ou des préoccupations sociétales.
L’incompréhension. C’est le sentiment qui prévaut après l’irruption d’hommes armés dans une conférence de rédaction, tuant la majeure partie de ceux qui s’apprêtaient à boucler le sommaire du numéro 1178 de l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Comment en est-on arrivé là ?
Le journal Hara Kiri, « père » de Charlie, voit le jour dans l’effervescence créatrice de l’immédiat après Mai 1968, à l’initiative d’une bande d’amis idéaliste qui donne le ton des revendications nouvelles. Insolence et impertinence sont de mise, mais l’équipe s’attache aussi à dénoncer les dysfonctionnements de la société. Après l’interdiction du journal à la mort du général de Gaulle, il change de titre pour prendre celui de Charlie hebdo. Il disparaît au début des années 1980 pour des raisons économiques, pour mieux renaître dix ans plus tard, en 1992. Les fondateurs sont là : Cavanna, Cabu, Wolinski reprennent du service avec Willem et Honoré, rejoints par une génération de dessinateurs plus jeunes et talentueux. Charb, Riss et Luz seront les nouvelles signatures contestataires du journal, désormais dirigé par Philippe Val. Après l’utopie d’une civilisation meilleure rêvée par l’équipe initiale vient le temps du regard acide et sans concession sur l’actualité du monde. Charlie Hebdo incarne une France rebelle, indépendante, engagée, égalitaire et révolutionnaire, irrévérencieuse mais volontiers joyeuse et hédoniste. L’hebdo refuse en vrac l’injustice, la religion, l’éducation bourgeoise, l’intolérance, le monde politique coincé, qu’il soit de droite ou de gauche. Il dénonce les excès, les scandales, fait face à de multiples procès, ne fait aucun compromis, même sous la menace. L’hebdomadaire vit de belles années. Cette parenthèse enchantée est aujourd’hui terminée. Le journal renaîtra sans doute après ce drame mais ne sera plus jamais le même.
Chaque semaine, la rédaction se rassemble afin d’établir le sommaire du numéro suivant. Permanents et pigistes débattent, discutent, s’empoignent parfois : joutes verbales, verbe fort, débats ponctuent ces retrouvailles qui oscillent entre le sérieux et le rire. Le choix de la couverture est collectif, tous les projets sont punaisés au mur. Selon l’actualité, c’est la plus drôle ou la plus cinglante qui est choisie, fut-elle la plus provocante. Ce que l’on connaît moins de l’équipe de Charlie, c’est la force de travail de ceux qui la composent. Car malgré ce grand bazar, rien n’est laissé au hasard. La rigolade fait place à la rigueur. Dessiner dans le journal, ce sont des heures de travail et un regard affûté sur les choses du moment, afin de pressentir qui fera l’actualité de demain, et s’entraîner, inlassablement, à le croquer, lui trouver un détail, surprendre un travers, pour être prêt le moment venu. Ce sont des lectures abondantes, des recherches, des vérifications sans fin sur des détails infimes. Si le soutien au journal a fait se déplacer des millions de personnes, peu, au fond, connaissent la véritable identité de l’hebdomadaire.
La Friche Belle de Mai propose le week-end du 30 janvier au 1er février un temps d’échanges et de dialogues autour de cette exposition consacrée à Charlie hebdo, qui se nomme lui-même « journal irresponsable ». Les numéros qui se succèdent sont des condensés politiques et sociaux d’une époque, d’un temps donné. L’information livrée comme le message sont les indices des mentalités du moment, et à leur façon, singulière et goguenarde, la mémoire de la société française. Plus de 200 originaux, accompagnés de photographies de la rédaction au travail et d’extraits d’émissions de télévision donnent un éclairage nouveau sur l’équipe désormais décimée, suggérant au public une réflexion sincère et indispensable sur la nécessité de pouvoir, aujourd’hui, tout dire et rire de tout."
Bernadette Caille
1 000 affiches pour dire du 30 janvier au 22 février 2015
Affiches réalisées par des graphistes du monde entier qui ont répondu à notre appel* du 8 janvier pour la libre expression.
Aussi au programme
• Des lectures de textes qui touchent les questions de la liberté d’expression, de la tolérance, des différences culturelles. Des textes courts choisis pour susciter la parole et l’échange avec des jeunes et des moins jeunes.
• Des plateaux radio en public avec Radio Grenouille et des invités.
• Des projections de films et de documentaires.
*Appel lancé avec La Fête du graphisme (7 janvier > 4 mars 2015 à Paris), la section française de l’Alliance Graphique Internationale (AGI) et l’Alliance française des designers (AFD) et l’Agence Régionale du Livre Paca.