L’artiste a toujours maintenu des liens étroits avec la région. Il se lie d’amitié avec Yves Klein dès leur rencontre en 1947 à l’école de Police de Nice lors de cours de judo. C’est dans la boutique de meubles de son père, rue Paul Déroulède, qu’il découvre le potentiel esthétique du tamponnage sur papier. C’est à l’Abbaye de Roseland au festival du Nouveau Réalisme en 1961, qu’il brise des meubles réalisant une « Colère ». Il installe, pendant plusieurs années, son atelier avenue de la Lanterne. Enfin, c’est à Vence qu’il fait construire une maison-atelier conçue par l’architecte et ami Guy Rottier, où il réside fréquemment.
Dix ans après la disparition de cet archéologue de la société industrielle (le 22 octobre 2005 à New York), la ville de Nice lui consacre aujourd’hui une exposition permettant de mettre en lumière et de comprendre sa démarche artistique. Son œuvre allie remise en cause permanente du tableau par l’appropriation et le détournement d’objets du quotidien, et attachement profond à la tradition picturale, des premiers « Cachets » et « Allures » d’objets en passant par les « Accumulations », les « Poubelles » et les « Coupes », jusqu’aux « Colères » et « Combustions ». Arman est un amateur d’opéra, d’arts martiaux, mais aussi un grand collectionneur d’art africain (collection qui fera l’objet d’expositions) et de voitures de sport. Ses œuvres sont très présentes dans le paysage urbain de grandes villes d’Europe et des États-Unis comme Long Term Parking à Jouy-en-Josas (1982, 18 m de haut, composée de 2000 tonnes de béton et 60 voitures) ou Le Jardin des Délices pour la parfumerie Fragonard de Grasse (sculpture de 6 m de haut faite d’imposants alambics).
Après les expositions « Passage à l’acte » (2001) et « Subida al cielo » (2006), le MAMAC offre un aperçu de la production artistique de l’artiste à travers une vingtaine d’œuvres issues des collections de la ville de Nice : d’une part, des collections permanentes du musée et, d’autre part, de la Donation Ferrero consentie en 2013 à la Ville et regroupant des œuvres d’artistes de l’école de Nice. Arman occupe une place essentielle les collections du musée qui comptent pas moins de huit acquisitions, des premières du début des années 1980 aux plus récentes datant de 2005, complétées par des donations dont deux faites par l’artiste et plusieurs dépôts, notamment privés. Au-delà des œuvres conservées, cet accrochage est aussi l’occasion de rappeler les actions où l’artiste accumule, détruit, brûle des objets neufs et usagés. Un espace documentaire présente catalogues, cartons d’invitation et documents d’archives. Enfin, le parcours est complété par la projection de vidéos afin de mieux appréhender sa démarche et ses actions.
Parallèlement, la Donation Ferrero, place Pierre Gautier, propose une quarantaine de photographies d’Arman réalisées par Jean Ferrero. Célèbre galeriste niçois, photographe et collectionneur, ce dernier a participé à l’émulation de la scène artistique locale à partir des années 1970. Cet accrochage révèlera une histoire plus personnelle, celle d’une amitié entre un marchand-photographe et un artiste.