History Zero est justement une installation qui appartient à cette catégorie d’œuvres.
Conçue par l’artiste grec Stefanos Tsivopoulos pour la biennale de Venise de 2013, elle est composée de trois films de fiction se déroulant à Athènes et d’un espace documentaire, pour lequel l’artiste a demandé à des chercheurs d’enquêter sur des exemples de monnaies alternatives, utilisées parallèlement à des monnaies officielles.
Ce projet soulève la question de la place de l’argent dans la société grecque d’aujourd’hui et, plus largement, dans des sociétés capitalistes secouées par des crises à répétition et marquées par les inégalités sociales. Il pose également la question du rôle de l’argent dans les destinées individuelles de chacun et dans les relations entre personnes.
Le détour par la fiction est une manière de ne pas prendre au sérieux les diktats d’une réalité économique dont on dit qu’elle n’a pas d’alternative possible.
C’est une manière de rebattre les cartes, de se laisser la liberté de rêver à une table rase à partir de laquelle il serait possible de reconstruire un monde nouveau. Pour autant les personnages mis en scène dans les films – une collectionneuse d’art frisant la démence, un immigrant à la recherche de métal dans les poubelles, un artiste capturant des images de la ville – entretiennent tous des liens étroits avec la réalité. La confrontation de ces fictions réalistes avec l’espace documentaire sur les monnaies alternatives conforte le sentiment d’une remise en cause possible du système économique dans son ensemble.
L’engagement politique de Stefanos Tsivopoulos est au cœur de son travail d’artiste.
L’art a vocation, selon lui, à ouvrir et susciter le débat public – ce qui n’est pas un vain mot pour un artiste grec. La présentation de History Zero dans le contexte d’un musée de civilisation, dépassant le cénacle des spécialistes d’art contemporain le réjouit à ce titre. Elle prend également place dans le cadre d’un « Temps fort » du MuCEM consacrée à la Grèce « Après la crise ? ».
Commissaire MuCEM : Jean-Roch Bouiller, conservateur, chargé de l’art contemporain
Artiste : Stefanos Tsivopoulos
Scénographie : Olivier Bedu et Juliette Morel - Struc’Archi
Présentée dans de nombreux pays, après l’installation initiale de la biennale de Venise en 2013, History Zero est montée pour la première fois en France au MuCEM.
Bande-annonce de l'exposition History Zero [STVF] par lemucem