Les œuvres de Jean-Honoré Fragonard dit Frago ont été d’inspiration amoureuse, ses compositions mythologiques, ses propres « fêtes galantes » héritées de Watteau sont empreintes de sensualité, voire d’un érotisme sophistiqué. Mais il militait aussi pour une nouvelle éthique amoureuse, Fragonard l’affectif, l’érotico-poético-romantique…
Jean-Honoré Fragonard est né à Grasse en 1732, son père était marchand gantier. Vers 1738, sa famille s’installe à Paris mais il gardera toute sa vie des liens avec sa ville natale où il conserve des attaches familiales et où il séjournera à nouveau plusieurs fois. Il épousera en 1769, Marie-Anne Gérard comme lui originaire de Grasse.
Avant cela, il a la chance de commencer son apprentissage auprès de Jean-Baptiste Chardin puis de François Boucher, ce dernier contribuera à ses premiers succès. Les premiers tableaux de Fragonard sont dans un premier temps de style académique avec des compositions champêtres, disons très sages pour ensuite devenir le chantre de la galanterie, du libertinage, voire de l’audacieux polisson, c’est ce que démontre l’exposition au Luxembourg.
Nous sommes au 18è siècle. Fragonard marquera de son empreinte la création artistique durant un demi-siècle, une époque où l’esprit des Lumières est profondément marqué par le sensualisme venu d’Angleterre. Le Verrou peint vers 1777 est une œuvre marquante et l’une des toiles les plus célèbres d’inspiration libertine. Autre tableau majeur de l’exposition « Fragonard amoureux » L’Instant désiré qui illustre bien la sensualité et la délicatesse de l’artiste. Cependant, La Résistance inutile et Feinte Résistance frisent carrément une œuvre sous le manteau pour amateurs licencieux.
Avec la publication des Liaisons dangereuses de Laclos qui sonnent le glas de l’inspiration libertine en littérature, Fragonard changera de registre en explorant le sentiment amoureux véritable, l’amour romantique. Voir Le Baiser, certes passionné mais infiniment tendre.