Par la faute d’une particule microscopique la Fondation Maeght a dû, pour la première fois de son histoire, fermer ses portes, et ceci juste avant la rétrospective consacrée à Jacques Monory. Cet artiste est connu pour avoir transcendé la figuration en peignant avec virtuosité des scènes le plus souvent bleues, en tout cas toujours dans une palette monochrome qui le rend aisément reconnaissable.
Rouverte, la Fondation de Saint Paul-de-Vence a donc prolongé l’exposition Monory jusqu’au 22 novembre, montrant une exceptionnelle rétrospective de soixante années de carrière ! Elle propose dans le même temps un parcours de quelques unes des œuvres sorties de son impressionnante collection : Miro, Giacometti, Calder, Chagall, Bonnard, Fernand Léger. Quelle époque, soit dit en passant !
"Egaré dans un monde sans romantisme"
Jacques Monory peint des scènes de faits divers, traite l’imagerie du film noir, du roman policier, qui sont les reflets que les médias nous renvoient de notre société. Il incarne parmi d’autres la "Figuration narrative", mouvement en opposition à l’abstraction et aux mouvements contemporains du nouveau réalisme et du pop-art.
Mais on ne s’y laissera pas prendre : pour visiter cette rétrospective quelques pistes glanées sur internet nous armerons du viatique culturel nécessaire pour aborder l’œuvre de Jacques Monory, disparu en 2018, qui se définissait en ce début de XXIème siècle comme un "romantique égaré dans un monde sans romantisme". Voici donc une belle occasion de le devenir le temps d’une visite !
Peignant le visible que montrent les médias, il oblige notre esprit à effectuer une petite gymnastique pour prendre ses distances avec ce réalisme photographique, avec la matérialité de sa peinture et l’apparente narrativité de ses tableaux. C’est de détournement dont il s’agit, un récit personnel. "Je suis peintre, alors évidemment c’est pour me débarrasser de sa réalité et de ses cauchemars".
Ironique, sentimental, romantique. Il utilise la peinture "à des fins explicatives de ce qu’il ressent du monde", traduisant la passion de la vie dans ce qu’elle a de plus intense. Toujours laisser parler le peintre : "un artiste doit vivre au bord de la catastrophe". Il fait remarquer : "à un moment je pensais que la peinture pouvait aussi avoir un impact social (...), que peindre pouvait faire partie du changement du monde, peut-être que ça l’est encore, je ne peux pas dire aujourd’hui. (...) Je ne veux pas sauver le monde, je veux me sauver".
Et si se sauver revenait à sauver le monde ?