« Il s’agit de détruire toute connaissance a priori et de faire des expériences personnelles qui seules comptent » (Pierre Tal-Coat). Olivier Kaeppelin, Directeur de la Fondation Maeght et commissaire d’exposition, a réalisé cette exposition « face à l’œuvre » avec cette phrase en tête.
Dans la grande salle, vous trouverez les grands artistes, qui ont été les proches d’Aimé Maeght : Derain, Bonnard, Calder, Braque, Giacometti… Et puis, « Il y a la circulation du désir dans cette salle… », nous révèle Olivier Kaeppelin.
Des « portraits de la personne humaine » sont présentés dans une autre salle, avec des clins d’œil entre les œuvres, complicité ou opposition entre les visages. Quelques œuvres de Bacon ont été prêtées par le collectionneur Barry Joule, notamment son premier autoportrait. Bacon l’avait toujours gardé, puis l’avait donné à son ami, collectionneur précité.
« Tout Kandinsky est là », dans la collection privée « le ciel fixé ». C’est ce que nous confie Olivier Kaeppelin : « à la fois, ça bouge, ce sont des astres, mais que Kandinsky fixe, arrête, c’est-à-dire que c’est la composition qui va nous donner l’impression d’un mouvement possible et non pas le mouvement lui-même ».
L’œuvre de Gérard Garouste est aussi présente, il sera d’ailleurs l’objet de l’exposition de l’été 2015 à la Fondation Maeght.
Daniel Dezeuze disait qu’il fallait se méfier de la perspective parce que c’était de la balistique et que, quand on se servait de la perspective, on pouvait tuer le sujet qu’on voulait peindre. Adami construit un tableau figuratif, qui vise l’œuvre voisine, par son arme clairement visible dans l’œuvre. C’est alors l’humour, et même l’autodérision du commissaire d’exposition qui font le succès de cette scénographie.
La présentation des œuvres est à l’inverse de celle de l’exposition de l’été 2013 de Bernard-Henri Lévy. La scénographie des œuvres est linéaire, logique et accessible, parfois presque chorégraphique, tant les œuvres dansent entre elles pour former un ensemble cohérent. La cohésion et l’harmonie de la présentation coulent de source, avec quelques clins d’œil tout de même, réservés aux visiteurs avisés.
C’est ainsi que, « face à l’œuvre » qui révèle le monde dans lequel nous vivons, c’est à vous de choisir : « Sommes-nous avec Fernand Léger qui nous apporte cette capacité de penser que le monde s’éclaire dans l’énergie de la création et de la nouveauté moderne ou sommes-nous dans la mélancolie et les inquiétudes d’Otto Dix ? », nous interroge le Directeur de la Fondation Maeght.
Voici donc, en quelques mots, la présentation de l’exposition-événement de l’été. S’il n’y en avait qu’une à visiter, ce serait celle-là !
Correspondance d’Aimé Maeght à Joan Miró, 29 août 1959
« Oui, mon cher Joan, nous réaliserons une œuvre unique au monde qui restera dans le temps et dans les esprits, comme le témoignage de notre civilisation qui à travers les guerres, les bouleversements sociaux et scientifiques aura laissé à l’humanité un des plus purs messages spirituels et artistiques de tous les temps. Ce sont ces témoignages que je voudrais rendre perceptibles aux générations qui nous suivront, et montrer à nos petits-enfants, que dans notre époque matérialiste l’esprit est resté présent et très efficace grâce à des hommes comme vous. »