Dans ces îles, il a trouvé une forme nouvelle de société, basée sur l’entraide et l’équité avant tout, dans cet environnement désert, au climat extrême (la température moyenne est de -5,7°C). Cet archipel était pratiquement inhabité jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, ou des soviétiques sont venus explorer les richesses des sols. En effet, ces îles peuvent accueillir des étrangers sans visas ou permis de travail, ce qui explique pourquoi peu de personnes vivent ici, mais beaucoup y travaillent.
En grande partie, les travailleurs obtenaient un contrat de travail de deux ans, ce qui les poussait à venir s’installer sur place, et le plus souvent, avec femmes et enfants. De par ce fait, la ville a dû commencer à construire des infrastructures qui permettent la vie quotidienne de la population, à savoir, des écoles, des bibliothèques ou encore des musées, mais sans la moindre route.
Les travailleurs ne perçoivent leur salaire qu’à la fin de leur contrat, leurs besoins étant payés par les compagnies minières qui les emploient et qui déduisent les coûts sur les paies. Les journées sont rythmées par le travail puis la vie associative très présente au sein de cette île où la banquise recouvre la mer durant neuf mois par ans.
Aujourd’hui, les mines sont épuisées, et donc, la ville a disparu. Par cela, l’idée de société de Ville Lenkkeri s’est dissoute, mais il a voulu retranscrire cela par les photographies présentes lors de cette exposition. Une question bouleverse le visiteur lors de l’exposition : Comment rendre l’image d’une réalité aujourd’hui disparue ? Question de subjectivité qui montre le questionnement sur les limites du photographe à retranscrire ce qu’il voit, sans pour autant trahir cet environnement par une intervention.
À côté de cette utopie de société, la vérité semble avoir un autre visage. Ville Lenkkeri a rencontré d’anciens mineurs de cette île, à la fin de son voyage, et a découvert le revers de cette société. Les contrats de travail sur deux ans sont expliqués par le manque terrible de travail dans les régions voisines. Aucune personne n’est née sur cette île et à continuer d’y vivre, ou d’y vieillir. De plus sur ce territoire, il n’y a aucune route, ce qui coupe toute envie ou idée de communauté par le manque de proximité. Pour certains anciens travailleurs de cette île, le dur travail accompagné par le froid polaire et le manque de vie sociale fait ressembler cette région à un camp de travail forcé plus qu’à un paradis pour les travailleurs.