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Fin de cet événement dans 1 mois - Date du 8 juillet 2024 au 5 janvier 2025

Exposition Miss Tic "À la vie à l’amor" - Au Palais des Papes

La vie de Radhia Aounallah, fille d’un ouvrier tunisien et d’une mère bretonne a basculé à l’âge de dix ans. Un effroyable accident de voiture où sa mère, son frère et sa grand-mère décèdent tandis qu’elle s’en sort de justesse.

« La poésie est un luxe de première nécessité »

©A.A
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Elle raconte : «  Le voyage est familial, la route nationale, l’accident fatal... Autour de moi des cadavres. Expérience sauvage. L’énigme de mon destin se joue là ! Devenir l’autre, la survivante. Malédiction ou privilège. Fillette en nage j’échappe au naufrage... Je suis au bord de la mère morte. Dans le fossé de la peur mon corps géométrie s’est brisé. Dans ma bouche un goût de malheur sans partage. Disparition définitive de ceux que j’aime. Je n’ai plus rien à perdre, à part moi... J’ai dix ans et je n’ai plus d’âge. Hôpital des enfants malades. On me répare sans me consoler. Ici les enfants jouent avec leurs pleurs. Je voyage en chirurgie, un pays où l’on soigne ce qui saigne. Transfusion, perfusion, le temps goutte-à-goutte. De greffes en lambeaux on me récupère... Dans cette chambre sans ciel je ne sais pas quoi faire des nuages que je n’aperçois pas. Tous ces mois allongés passent à travers moi. J’avale des livres comme on avale des somnifères. » Elle lit les poètes, Rimbaud surtout (dont elle a le dessin d’Ernest Pignon-Ernest dans l’atelier), pour elle, «  la poésie est un luxe de première nécessité  » : « Je suis partie de zéro vers l’infini. J’ai trouvé ma voie parmi les souvenirs à inventer ».

Elle se remet tant mal que bien. La main droite est atteinte, elle sera gauchère. Elle tente des études d’arts appliqués, fait du théâtre de rue, voyage en Californie dans les années 80, période punk, pas baba cool, une colère en elle : « Je voudrais hurler, épouvanter l’univers ». Puis elle revient à Paris après une déception amoureuse : «  J’ai aimé un imbécile comme cela arrive à beaucoup de femmes hélas, et un jour il m’a dit : Je ne peux plus te voir en peinture ! Ça a été ma revanche. Il m’a lancé un défi et maintenant, il ne me voit plus qu’en peinture ! »

Elle rencontre les Ripoulin, un des premiers collectifs d’artistes de rue, et décide d’écrire des poèmes dans la rue qu’elle accompagne au début par son autoportrait au pochoir, ensuite par des femmes volontairement sexy. Sa première œuvre, dit-on, est peinte dans le 14e arrondissement : «  J’enfile l’art mur pour bombarder des mots cœurs. »

Les jeux de mots, le décalage, la poésie, le phrasé direct, puissant, sont déjà là. Miss Tic est née.

Elle a trouvé son nom dans la sorcière qui accompagne Picsou : Miss Tick (magie du sort), une sorcière italienne qui vit au pied du Vésuve et dont le but est de faire fortune par tous les moyens à l’aide de la magie noire.

Une Miss Tic (sans k) habitée par les mots.

Devenue poètesse des rues de Paris, plusieurs fois arrêtée et condamnée, elle a été heureusement soutenue par les artistes et leurs amis comme Agnès B. Elle finira par s’entendre avec la municipalité toute heureuse de lui offrir des murs pour enchanter les rues (quelques œuvres sont toujours là).

Miss Tic travaille sans cesse (« Je ne travaille pas, je suis travaillée  »), ses pochoirs sont pensés, peints et préparés en atelier. Elle choisit précisément les lieux où inscrire ses images. Elle peaufine ses textes, c’est l’Edith Piaf de l’Art Urbain. Elle exprime sa tristesse, sa rage, ses réflexions, sa vision du monde. Certaines de ses formules sont politiques : « On n’est ni de droite, ni de gauche, on est dans la merde », d’autres plus ironiques comme « Port du cerveau obligatoire », « Le masculin l’emporte, mais où ? », «  Il faut que jeunesse se passe. De quoi ? », etc.

Ses femmes puissantes et sexy sont des amazones qui crient leur espoirs ou leurs désespoirs dans cette société où «  Le pouvoir ne protège pas, il se protège  ».

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Elle rend hommages aux femmes de lettres (de l’être) qu’elle admire.

Virginie Despentes, Marguerite Duras, Patti Smith, Françoise Sagan, etc., accompagnées de phrases chocs.

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Dans cette exposition un peu brouillonne, un bel ensemble de ses œuvres (300 en tout) est présenté. Les supports sont variés : palissades, photos de murs, reproductions présentées dans le jardin, dans les salles… Les matrices de pochoirs - le cœur de son travail - sont suspendues en l’air (on aurait aimé les voir de plus près). Quelques vidéos montrent l’artiste au travail, toujours clop’ à la main.

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Enfin, très intéressante et émouvante, la dernière salle où on découvre ses carnets, des photos, des lettres, ses livres et… ses lunettes.

Jusqu’au 5 janvier 2025. À ne pas rater.

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