Voilà ce qui pourrait être la devise et la définition de cette artiste au regard si précis et pourtant si stylisé sur le monde qui l’entoure, aussi bien lorsqu’elle peint du personnage seul ou en groupe que lorsqu’elle se veut plus figurative ; qu’elle montre l’activité trépidante d’une rue avec ses attributs, véhicules, usines, fumées, piétons pressés, ou immobiles en tenues de ville et chapeaux melon ou qu’elle brosse à traits appliqués celle d’un port en activité, avec, dans toute leur réalité, ou leur présupposé, les opérations de chargement et de déchargement, d’embarquement et de débarquement, d’appareillage ou d’accostage, le clignotement des balises en mer ou des lampadaires sur les quais, dans le brouillard blafard des matins, ou des soirs…
Et lorsqu’il s’agit de peindre des groupes d’hommes, de femmes et d’enfants semblant tenir la pose pour la postérité, ce qui transparait au-delà de l’exercice de style c’est la prise en compte si délicate de cette présence au monde, en marinière et tons pastel, qui définit si bien pour Léa Cabanes la douce humanité, qu’elle aime, une humanité diaphane et tendre à qui elle donne toute sa place, c’est-à-dire la première.
Et tant pis si certains voient dans l’aspect cubique de ses extérieurs une exécution plus ardue et plus catégorique, tranchant avec ce qui précède… Après tout l’artiste n’est-il pas complexe ? Mais au-delà des premières impressions, qui n’y percevrait pas, in fine, la reconnaissance et la fidélité à des maîtres, à des réminiscences de grands héritages, parfaitement intégrées, finalement signes de la grande santé et de la parfaite maturité de cette artiste attachante tant par sa simplicité à dire que par sa pudeur à laisser entendre ?