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Exposition "Bridge Over Troubled Water" de Jérôme ROBBE à l’Espace à Vendre

Exposition "Bridge Over Troubled Water", de Jérôme ROBBE, à partir du 15 février jusqu’au 29 Mars 2014 à l’Espace à Vendre.

Les récentes peintures de Jérôme Robbe, rassemblées sous le titre générique « L’Air de rien », pourraient s’inscrire entre ces deux éléments : l’aube, le crépuscule et l’océan. Entre, car il ne s’agit ni de la représentation d’un ciel, ni de celle d’un océan. Entre également une œuvre – Sunset to Sunrise – et la vie d’une œuvre, puisque Bridge over Troubled Water fait référence à la reprise de la chanson de Simon & Garfunkel par Johnny Cash qui donne son titre à l’exposition. Ainsi, à la suite de Robert Rauschenberg, Jérôme Robbe pourrait dire à propos de son œuvre : « La peinture est liée à la fois à l’art et à la vie. On ne peut fabriquer ni l’un ni l’autre. (J’essaie d’agir dans le fossé qui les sépare.) »

C’est bien de cet écart dont il est question ici, écart qui faisait déjà dire à l’artiste, à propos de son installation : « Le nom de la pièce, qui renvoie au temps universel, se joue aussi de cette chose-là, de ce temps du quotidien et de ce temps de vie. » entendre, le temps de la peinture.

À l’image de la banquise du musée Chagall qui faisait volontiers écho à La Mer de glace, l’ensemble des tableaux présentés à l’Espace à Vendre trouvent leurs racines dans Le Voyageur contemplant une mer de nuages du même Caspar David Friedrich. Il s’agit d’interroger un médium, c’est-à-dire mettre en jeu le geste, le fond et la forme. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si le processus créatif de AM / PM faisait à ce point écho au dripping de Jackson Pollock.

am/pm, 2011
© François Fernandez

Les surfaces bleutées, argentées et cuivrées, mates et/ou brillantes des peintures de Jérôme Robbe évoquent autant la condensation de la vapeur d’eau sur une vitre, le lit d’un ruisseau qu’une image atmosphérique. Le caractère réfléchissant des tableaux piège le regardeur à la surface de l’œuvre dans des apparitions plus ou moins fantomatiques voire déformées par les ondulations du support. Si la référence initiale est celle d’un ciel ou d’une surface aqueuse les nombreuses couches de vernis jouent sur la déperdition dans la représentation, créant une impression d’inquiétante étrangeté.

Ainsi, les peintures récentes de Robbe se situeraient entre une tradition moderniste de l’absolu de l’art, libéré de toute référence externe : en tant que pur traitement d’un matériau spécifique et la rupture avec cette tradition opérée par Rauschenberg qui s’oppose à toute forme d’autonomie de l’œuvre. De cet art absolu dont la pensée s’observe dès le premier romantisme à l’art comme image du monde, Jérôme Robbe semble avoir opéré une synthèse.

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