Quel meilleur lieu imaginer pour exposer des œuvres qui se fondent dans la nature ? La Fondation Maeght se prête totalement au jeu : œuvres multiples d’artistes italiens qui nous rapprochent de la nature, mais pas seulement ! En particulier, les jeux de lumière de Piero Fogliati sont une trouvaille : la lumière créée varie au gré des personnages qui s’approchent d’elle. Une version miniaturisée de la sculpture filigrane rouge d’Alberto Burri révèle sa richesse au travers des différents angles de notre regard. La magie opère aussi devant des œuvres mêlant maquettes architecturales et œuvres photographiques représentant la nature en bambous. Surprenante cette exposition en intérieur d’œuvres qui se trouvent habituellement en extérieur, à la Villa Celle, près de Florence. Mais accrochons-nous à son fil conducteur : la dimension humaine, face à l’immensité de la nature.
Isabelle Maeght a rencontré la famille Gori en 1973. Giuliano Gori, qui prête actuellement une partie de sa collection à la Fondation Maeght, construit sa vie avec ses œuvres. Pourquoi quelqu’un continue ? « C’est l’amour qui lui permet de continuer », nous réplique-t-il. L’amour des artistes en l’occurrence. L’amour de la nature aussi sûrement. Giuliano Gori fait partie de la « société des modestes » créée à Paris… ! Adrien Maeght, également un modeste, se reconnaît tout-de-même un défaut, que l’on pourrait aussi prêter à Giuliano Gori : « Nous voulons que les autres aiment ce que nous aimons, car nous pensons que ce sont des chefs d’œuvre ». Giuliano Gori se sent protégé par sa collection : « L’art est la meilleure thérapie pour une âme inquiète ». Voulait-il aussi dire que l’art, en ces temps de crise, est une valeur refuge ?
A la question des limites, Giuliano Gori répond en citant Kandinsky : « Les droits de l’art finissent là où commencent ceux de la nature ». Autant dire que l’art faisant corps avec la nature est donc tout-à-fait admis par un homme qui n’a pas réellement de limites. Sa collection, en tous cas, est immense. Immense de vérité, mais aussi de jeux de miroirs : son œuvre de Daniel Buren reflète notre propre égarement.
La Fondation Maeght, continuera à fêter l’amour des artistes avec son cycle des collectionneurs qui se poursuivra en juin avec Gérard Gasiorowski, qui exposait récemment au Carré d’Art à Nîmes, puis à l’automne avec les « Peintures homéopathiques » de Fabrice Hyber.
Et bien sûr, la Fondation prépare déjà ses 50 ans d’existence en 2014 ! Les surprises risquent d’être nombreuses, au vu de la richesse de leur collection, dont beaucoup d’œuvres n’ont pas encore été exposées au regard du public.